Le soleil brille sur Esteria, et c'est avec joie que je quitte la maison en virevoltant. Je me sens tellement bien aujourd'hui que mon rire en devient cristallin. Une brise fraîche joue dans mes cheveux, et je joue avec elle, volant avec légèreté et finesse. Comme la plupart des fées finalement. Je me sens vivre, et c'est tellement agréable ! Après quelques coups d'ailes, je repose les pieds au sol et marche lentement. La forêt n'est pas très loin et j'apprécie le calme qui règne. Les animaux n'ont pas peur de moi, ils me connaissent. Ils savent qu'ils peuvent me faire confiance. J'aime leur présence et ils tolèrent la mienne d'une manière que, jamais, je n'aurais osé vouloir. Je n'ai pas de pouvoir fulgurant comme beaucoup de fée. Je ne sais pas me téléporter, je suis incapable de faire de la magie, mais rien n'est autant important pour moi que de comprendre les animaux. À quelque chose près, j'aurais pu être humaine. Car a part mes ailes et ma proximité avec les animaux, je n'ai pas de pouvoirs magiques. Mais c'est très bien ainsi.
Un bruit de sabots me fait me retourner et je me retrouve devant Isha. Il me salue d'un hennissement joyeux et fourre ses naseaux dans mes cheveux. Je rigole et lui serre l'encolure avant le lâcher. C'est un cheval sauvage que j'ai soigné quand il était petit. Il est libre de partir, mais il vient toujours vers moi, acceptant mes caresses, mes bisous et viens même m'en réclamer ! Il décide de m'accompagner un peu. Il marche à mes côtés et on s'avance dans la forêt ensemble. Certains animaux nous regardent, d'autres approchent un peu pour voir. Mais personne n'a peur. Je souris, contente d'être si proche des créatures animales. La faune est quelque chose que j'aime particulièrement. Et c'est grâce à Isha que j'ai compris ce que je voulais faire de ma vie. Je le regarde et il fait de même. La connexion entre nous et tellement forte que je comprends ce qu'il veut me dire. Et moi aussi je l'ai senti. Pas très loin, un animal est blessé, et il est accompagné d'un humain. Isha me pousse pour me faire comprendre de monter sur son dos. Même avec des ailes, je vais moins vite que lui, et je ne peux pas me téléporter. Je saute donc sur mon ami et il fait demi-tour, galopant rapidement. On arrive assez vite de l'humain. À peine à coté, je saute de mon ami et donne deux coups d'ailes pour ne pas me faire mal et atterris devant lui. Heureusement, nous n'étions pas loin.

Bonjour. J'ai senti la souffrance de ce petit être.. Je suis une fée guérisseuse, puis-je le voir ?

J'observe l'homme faire, ne bougeant pas quand le Garn fit mine de vouloir me mordre. C'est rare quand les animaux n'ont pas confiance en moi, mais c'est parfaitement normal et pour rien au monde je n'en voudrais à cette créature. L'homme l'a déjà, et je l'écoute rassurer le Garn en faisant des cris. Jamais je ne me moquerais d'une personne qui arrive à parler aux animaux, même si elle est plus bruyante que la mienne. L'homme arrive à calmer le blessé qui se met alors à ronronner. Je souris, attendri par la scène qui se passe devant moi. Me revoyant des années plus tôt avec Isha. Le temps passe, mais les souvenirs de cette journée ne s"estompent pas, car à chaque fois que je soigne une créature, je me souviens de ma première réussite. J'avais tellement peur pour le poulain.. Et comme l'humain, je suis resté calme, j'ai communiqué avec lui, j'ai pris le temps de le rassurer, d'être patiente avant de demander sa confiance.. Chose qu'Isha commence ce Garn nous on offerts facilement.
Quand l'humain me regarde, il y a un sentiment de gène dans son regard. Je lui secoue la tête et souris. Rassurante.

-Vous n'avez rien fait pour être gênés. Bien au contraire. Gangner la confiance d'un être vivant n'est pas la chose la plus aisée, et lui parler quand elle n'a pas le même langage que le nôtre, c'est encore pire. Il n'y a donc aucune raison de se sentir mal à l'aise..

Je m'accroupis et envoie des sons à la petite créature. J'essaie de la rassurer, je ne suis pas là pour lui faire du mal. Mais quand je me rapproche, elle grogne et essaie de me mordre. Je souris et continue de lui faire comprendre que je ne lui veux aucun mal. Puis une image passe et je serre les poings. C'est un homme-fée qui lui a fait du mal. Et je comprends alors pourquoi il a peur de moi. C'est tellement légitime.

-Un homme-fée. C'est un homme-fée la cause de son mal, c'est pour ça qu'il ne veut pas que je le touche et ne veux même pas me croire quand je lui dis que je ne veux lui faire aucun mal.. Ce n'est pas normal.. Depuis quand les fées font souffrir des êtres vivants.. ?

Voyant le sang qui continue de couler, je ne perds plus une seconde et pose mes mains proches de celle de l'humain, quitte  prendre un coup de dent. Je ferme les yeux et laisse mon énergie passer sur les blessures qui se referment lentement mais sûrement. Quand enfin c'est fini, je regarde le Garn et lui souris. Il me répond avec un grognement. Je souris et me redresse. Si je trouve l'homme qui a fait ça...

Sa réponse me rassure et je me calme. Je n'aime pas voir des animaux blessés. Surtout par un piège posé pars-ci, pars-là. Je regarde l'homme et souris, puis le quitte des yeux pour observer le jeune Garn rentrer chez lui. Son bonheur d'être libre m'arrache un large sourire et je me sens apaisée. Encore une créature de soignée même si malheureusement, il y en a toujours plus à sauver. Mais je ne suis consolée que ce piège n'était pas dans l'intention de faire du mal à une créature.
-Vous dites sans doute vrai, en tout cas, je l’espère. Je n'aimerais pas découvrir que ce soit l'oeuvre d'un chasseur ou d'un braconnier.

Je n'ai pas connu la guerre dont il parle. Mais j'en ai entendu parler. Je n'aime pas les guerres. Je n'aime pas voir des amis mourir, mais je n'aime pas non plus voir les ennemis tomber. Ils ont des amis eux aussi. Peut-être suis-je trop sensible, peut-être que j'ai placé trop d'espoirs en la Paix. Je préfère admirer la nature, rêver, de contrées lointaines, apprendre sur l'architecture des nains, des humains. J'ai même été tenté d'en apprendre plus sur les sorciers noirs. Quand mère l apprit, elle me l'a interdit. C'est un savoir dangereux, il ne faut pas prendre le risque de chercher à y tomber. C'est difficile de me retenir, je dois l'avouer. J'ai envie de connaître..

La couleur rougie de l'eau qui tombe des mains de l'homme me fascine. Je les regarde alors qu'il se nettoie le sang du jeune Garn. Je trouve cette couleur belle. Pas part amour du sang.. Mais par amour de vie. Le sang, c'est notre rivière intérieure. Notre source de vie. J'inspire et garde l'air quelques secondes avant de tout lâcher. À ce moment, l'humain prend la parole. Ses remerciements m'arrachent un petit rire amical, sincère et cristallin.  

-C'est mon devoir de soigner les animaux dans le besoin. Pour le moment, je, reste à Estéria. Mais un jour, quand j'en aurai appris davantage, je partirais dans d'autres contrées, plus lointaines. Je suis également enchantée ! Je suis Aiyana Tassachi. Puis-je vous proposer de marcher un peu ? La forêt est belle, mais j'imagine que c'est pour cela que vous êtes venus, marcher parmi les arbres et les créatures qui si cachent ?

Je souris grandement à l'homme en face de moi. Son amour pour la nature est pur, je pourrais le sentir de très loin. Nous nous mettons à marcher alors qu'il me parle de ses amis. Je suis contente qu'il parle de mon compagnon de voyage. Je regarde Isha d'un coin de l'oeil et observe sa réaction. Il reste humble, mais je sais qu'il aime les compliments. Je lui souris, et caresse l'écorce d'un arbre. Ses vibrations me font beaucoup de bien. Je sais que beaucoup de personnes me prendraient pour une folle. Mais les arbres nous parlent beaucoup.
J’apprécie l’énergie de Jack. Elle est calme et sereine, même si je sens qu'il a vécu des choses difficiles dans sa vie. Mais ça n'a rien enlevé à la douceur de son âme. Et c'est une bonne chose. Si je m'attendais pas à rencontrer quelqu'un aujourd’hui, je suis bien contente que ce soit lui, et pas un méchant.

Je suis partagé entre la mélancolie et la joie. Contente de savoir qu'il a un bon conseil, mais mélancolique, car, moi, je sais que je ne peux pas beaucoup voler. J'y arrive quelque minute, mais très vite je m'épuise dans les airs.

vous avez bien raison. Le terrain est toujours notre meilleur enseignant. Mais j'attends le moment où je serais vraiment prête pour partir de mon île.

Je marque une longue pause avant de reprendre, en changeant parfaitement le sujet.

-Parlez moi de vos amis ! Comment les avez vous rencontrés ? Sont-ils nombreux ? Ont-ils leurs noms ? Comment communiquez vous avec eux ?

Je fronce les sourcils.

-Pardonnez moi.. Je suis trop curieuse.

J'écoute avec attention tout ce que me dit Jack. J'aime la façon d'ont il parle de ses amis. Je suis surprise qu'il utilise le terme "étrange" pour qualifier l'intelligence et la sagesse des créatures, car c'est tout à fait compréhensible qu’ils soient doués de sensibilité et de discernement. J'apprends beaucoup des personnes, mais encore plus des animaux, des plantes, et des éléments naturels. J'inspire un grand coup, et me rend compte que le temps commence à sentir la pluie. Jack aussi s'en rend compte, et il me demande si je connais les pins pignon. Je souris et me retiens de rire. Je suis quand même chez moi, là ! Mais je ne réponds que par un simple

-Oui, je connais très bien ses arbres.

Mais la pluie arriva plus vite que prévu, et très vite, nos habits furent mouillés. Il me dit qu'il connait une grotte, et me retient de lui dire que, je suis toujours chez moi, et que je connais ses bois par cœur. Un petit rire m’échappe, cristallin et doux. Isha hennit comme pour confirmer ce que je pense, et je rigole en suivant Jack. Mais quand on arrive à la grotte, une renarde souffre en essayant de donner naissance. Je l'observe et, comme Jack, prend une seconde pour me demander si je dois l'aider ou ne rien faire. Mais l'appel à l'aide, et l’inquiétude de la future mère et plus fort et je n'entends même pas la blague de Jack. Lentement, je m'avance, en envoyant de l'énergie protectrice. Entament le chant que j'ai chanté quand j'ai sauvé Isha. La renarde couine et semble aux bout de ses forces, mais je n'avance pas plus vite. Elle ne doit pas être stressée. Arrivée à elle, je lui laisse le temps de me sentir, et je continue mon chant mélodieux. Elle semble reprendre des forces, et sans la toucher, juste en chantant à coté d'elle, je l'observe. Je ne force rien. Mais elle semble comprendre que je suis là pour elle, et elle arrive finalement à donner naissance à deux bébés. Avec une infini douceur, j'amène ses petits contre son ventre, et les regarde se nourrir pendant que leur maman les lèches et les nettoies. La grotte est assez grande pour tout le monde, et je souris à Jack, sans rien dire.