Cela faisait déjà deux mois que j’avais accouché, des jumeaux, un garçon et une fille pour le plus grand bonheur de Ben. J’avais repris mes enseignements et mes aventures pour arriver à établir la Paix sur notre monde.
Une bonne nouvelle n’arrivait jamais sans avoir la mauvaise en retour. Mes grands-parents maternels étaient terrorisés par ce qui ce passait dans l’Atoll stellaire. Une sorte de virus contaminait la population et l’asservissait. Ils me demandaient d’intervenir en tant qu’Ambassadrice de la Paix. Ils demandaient aussi d’avoir recours à la magie et à la Science.

La magie pas de problème, le choix ne manquait pas mais vu qu’il fallait avoir un recours magique autant qu’il soit inattendu et je me dis que le mieux était d’emmener Orélia. Mike ne m’en voudrait pas. Quant à la Science je ne voyais qu’une seule personne totalement apte à m’aider : Kim. Bien sûr, il y avait Abigail mais en ce moment elle luttait contre ses propres peurs et je ne voulais aucunement l’impliquer. J’envoyais une lettre à Kim mais têtue et impatiente comme je suis, je n’eus pas la patience d’attendre et partis chez elle et Jack. Ils vivaient ensemble en parfaite harmonie et j’espérais qu’ils aient vite un enfant pour combler leur couple mais n’en disait mot.

Arrivées sur place, Kim sortait de chez elle et surprise ne sut que me dire qu’elle avait reçu ma lettre.

- Désolée d’être aussi impatiente mais cette épidémie qui sévit sur l’Atoll Stellaire risque d’assouvir une grande partie de mes amis et des membres de ma famille. Mes grands-parents vivent là-bas et ce sont eux qui m’ont prévenue. J’ai immédiatement contacté Orélia et j’ai vraiment besoin de toi à nos côtés. Penses-tu te joindre à nous ? Penses-tu que Jack te le reprocherait ?

J’étais tellement inquiète que je n’avais même pas donné de nouvelles et vu que Kim restait muette, je me dis que c’est ce qu’elle attendait.

- Ne t’inquiète pas les enfants vont bien, Ben et Mike vont faire les nounous et puis tu sais ils commencent de manger un peu de purée. Je n’allaite plus car c’était trop contraignant avec mon travail. De ton côté j’espère qu’il n’y a pas de problème de couple ? Jack est passé il y a un mois et ses yeux brillent tellement quand il parle de toi que je ne me suis même pas posé la question de savoir ce qu’il ressentait à ton égard. Mais je ne veux pas te forcer....juste... te presser.....

A la demande de Kim, je partis prévenir Jack que nous allions nous absenter et qu’il devrait trouver quelqu’un pour tenir la boutique de Kim. Il me demanda si sa présence serait nécessaire et je lui dis de ne pas s’inquiéter, que nous étions des grandes filles et qu’Orélia nous accompagnait. J’ajoutais qu’au besoin il pourrait aller aider Ben et Mike avec les bébés. Lorsque je retournais chez Kim, elle préparait quelques affaires, ce qui semblait logique vu que je ne pense pas que nous pourrions éradiquer ce virus en une journée. Elle me demanda des tas de renseignements et j’essayais de lui répondre en ordre.

- Comme tu l’as deviné nous allons en effet partir avec Ophéa, elle seule est assez rapide pour nous emmener en peu de temps sur l’Atoll Stellaire. Si tu as tout ce dont tu as besoin, nous allons d’ailleurs la rejoindre. Le temps est brumeux et nous avons une chance de passer inaperçues.

Je dépêchais mes deux compagnes et nous arrivions rapidement à la clairière. Une fois montées toutes les trois sur Ophéa, je tendis les peaux tannées afin de nous tenir au chaud. Kim se cala entre Orélia et moi afin de protéger au maximum sa vaisselle. J’expliquais à Ophéa qu’il faudrait qu’elle nous fasse un atterrissage tout en douceur. Une fois envolées, Orélia et moi commencions de donner des explications à Kim :

- Je ne peux exactement t’expliquer si c’est un virus d’origine végétal ou animal mais je peux t’affirmer que cela pose de graves problèmes

- Les gens sont comme asservis et ne reconnaissent plus leurs familles, ils deviennent tels des robots avant de tomber dans une sorte de coma

- Pour l’instant il y a eu deux morts, de très jeunes hommes, ils n’avaient que 17 ans. Certains délirent et ont une forte fièvre inexplicable.

- Pourtant il y a de grands mages sur l’île mais aucun n’a le pouvoir de figer comme Cheryl et personne n’est capable d’analyser ce qui se passe en gardant la tête froide, c’est un peu la panique

Nous arrivions à destination et Ophéa nous fit un atterrissage tout en douceur pour le plus grand plaisir de Kim qui lui fit une caresse en passant. Nous nous dirigions vers le village et mes grands parents vinrent à notre rencontre me demandant si tout allait bien pour nous. Je leur dis que oui et à notre arrivée dans le village nous vîmes des personnes totalement « perdues » qui travaillaient chacun à une tâche sans relâche. Mon grand-père expliquait qu’ils ne s’arrêtaient pas et finissaient par tomber d’épuisement. Cependant personne ne leur demandait de faire ces travaux.

Il nous emmena dans un endroit où nous pourrions nous installer si bien pour les recherches de Kim que pour essayer de sauver ces pauvres gens de tout âge.

Malgré moi j’entrais dans la tête de Kim et ses pensées me faisaient peur. Mais bon  ce n’était peut-être pas grave, juste que je ne savais pas ce que cela voulait dire. Je ne dis mot et agissais selon les demandes de Kim. Elle demanda à tous de mettre des masques afin de respirer le moins possible l’air ambiant ou tout au moins un morceau de tissu. Nous ne mîmes pas longtemps à agir. Elle me demanda alors ce que je redoutais et je la regardais perplexe :

- Je ne sais trop de quoi tu parles quand tu dis virus ou bactérie mais ça n’a pas l’air sympa. Pourquoi l’air que nous respirons peut affecter le cerveau ? Enfin je veux bien te croire vu que c’est ton métier mais je suis navrée, je peux te déclencher des tourbillons de la taille que tu veux et les faire tourner à la vitesse que tu veux, je peux te déclencher des pluies, de fortes chaleurs mais te créer une image ...virtuelle ?...et qui grossit ? Non je ne sais pas faire, tu m’en vois navrée.

- Moi je le peux, enfin te grossir quelque chose en regardant au travers. Je ne sais pas si ce sera utile pour toi mais je m’amusais à faire cela enfant. Je vais te créer un immense bloc de glace, le plus translucide possible et tu verras, tout ce que tu mets dessous te semble énorme. Mais ce n’est peut-être pas ce que tu veux ? Par contre il ne faut pas que ce soit au soleil car il ferait tout fondre.

L'intervention d'Orélia semblait intéressée Kim mais elle ne dit rien. Nous la regardions qui semblait perdue dans ses pensées et fronçait l’un de ses sourcils.

- Navrée c’est tout ce que nous pouvons te proposer et ni l’une ni l’autre n’avons la possibilité de créer ton image. Cela te pose un réel problème ? Sinon tu penses que du sang pris sur quelqu’un peut passer le portail sans risque de se mélanger au tien ?

Je ne voulais pas que Kim risque sa vie, après tout elle avait accepté de nous suivre et c’était déjà bien.

Alors que Kim et 0rélia mettaient à exécution leur plan, je me demandais ce qu’étaient ces tâches rouges que j’apercevais. Alors que je demandais à Kim qui nous les appela « cellules sanguines », c’était joli comme nom et elle expliqua qu’elles transportaient de l’oxygène. Décidément Kim avait de drôles de mots mais on s’habituerait peut-être. Elle demanda à Orélia s’il lui était possible de créer un plus gros pic et cette dernière se retourna vers moi :

- Je peux oui mais il me faudrait de l’eau. Cheryl peux-tu arranger cela ?

Je lui dis que oui et nous parcourions quelques centaines de mètres afin de rejoindre un lac qui se trouvait de l’autre côté du village. Une fois sur le bord, je demandais à Orélia de se concentrer. Pourvu que Kim n’ait pas d’ennui au village. Je me concentrais afin de faire venir l’eau du lac qui était proche et quand elle arriva Orélia se concentra et le pic créé ressemblait plus à une colline quand un appareil pour des cellules sanguines. Nous étions très fières de l’œuvre accomplie mais nous ne comprenions absolument pas ce que Kim allait pouvoir en faire. Seulement nous avions un autre problème : comment le lui amener ? Il allait fondre en route, tant pis Orélia restait super concentrée et je la guidait à travers les champs, ce n’était pas évident, pourvu qu’elle ne faiblisse pas.

Nous arrivions enfin au village et à voir les villageois nous avions réalisé un exploit. Arrivées à la tente montée pour Kim, nous l’appelions. Lorsqu’elle sortit à voir sa tête, il y avait un problème.

- Je pense qu’il va falloir lui faire un support sinon Orélia ne tiendra pas le coup et pour toi....

Je la regardais de la tête au pied puis je revenais sur notre énorme pic.

- On devrait peut-être te faire un échafaudage.....

Je la regardais d’un air sceptique et je ne savais que dire

Kim rejeta notre monumental pic de glace car elle dit ne pas pouvoir s’en servir. Nous la vîmes se mettre à parler toute seule et nous levions les sourcils pensant qu’elle devenait folle. Elle se mit à lever les bras en l’air, semblait réfléchir et enfin elle revint vers nous nous expliquant un plan des plus étranges.

Nous lui obéissions au doigt et à l’œil et enfin Kim parut totalement satisfaite nous demandant de maintenir l’exploit que nous venions de réaliser. Elle consulta ses livres, regarda encore ce qu’elle nous avait fait créer puis sembla réfléchir à nouveau.  Elle nous donnait des ordres et nous obéissions espérant qu’elle arriverait à trouver une solution pour vaincre son « virus ». Orélia et moi ne comprenions pas tous les termes qu’elle employait mais nous la regardions prendre des notes, rogner son crayon et recommencer sans cesse le même manège. Nous étions épuisées lorsqu’enfin elle nous dit avoir trouver.

Trouver quoi ? Il n’y avait rien que des petites gouttes de sang qui devenaient de plus en plus pâles à force de les transformer. Mais bon au vu de son sourire nous comprenions qu’elle avait réussi à obtenir ce qu’elle désirait. Je proposais que nous allions manger puis nous coucher. Le soir était tombait depuis un moment et l’obscurité ne nous permettait plus de faire quoi que ce soit.

Elles acquiescèrent et à peine nous eûmes fini de manger nous partions chacune dans nos lits de camp afin de nous laisser bercer dans les bras de Morphée. Je rêvais à ma petite famille et j’admis qu’ils me manquaient mais maintenant que j’avais été en contact avec le « virus » dont parlait Kim, je me disais qu’il fallait que tout soit rentré dans l’ordre ici avant que je les retrouve. Pourvu que cette nuit apporte de nouvelles idées à Kim.

Kim n’arrêtait pas de tourner en rond et soudain je la vis sortir. Je la suivis un moment et la vis passer le portail. Je ne dis mot, elle avait l’habitude et de l’autre côté c’était son monde. Je me recouchais plus sereine sachant qu’elle ne reviendrait pas sans une solution. Kim réapparut en fin de matinée, for heureusement aucun nouveau cas n’était à déplorer. Elle nous expliqua avoir un « vaccin », nous présenta des seringues avec des aiguilles au bout et toute la manipulation de ce matériel. Orélia et moi étions comme des machines qui enregistraient toutes les paroles de Kim.

Nous nous mettions à l’œuvre en organisant comme une chaîne humaine, vaccinant les personnes atteintes et leur expliquant combien il allait falloir faire attention à l’hygiène, l’alimentation et veiller à boire abondamment. Fatiguées mais heureuses d’avoir accompli une bonne action, nous prenions un copieux petit déjeuner. Kim avait des cernes sous les yeux et semblait totalement épuisée.

- Kim, je tiens à te remercier de ce que tu viens d’accomplir et surtout d’avoir sauvé nombre de mes amis et de ma famille. Mais tu es épuisée et tu devrais penser à te reposer. Orélia et moi allons faire le tour de tout ce beau monde afin de voir s’ils respectent tes consignes. Toi tu vas au lit car si Jack te voit aussi épuisée il va m’étrangler.

Je la regardais fixement et elle finit par accepter ma proposition, cependant j’avais une question très importante pour moi :

- Comment un virus d’origine végétal peut rendre autant de monde malade voir à les rendre fous ? Les plantes nous soignent habituellement, pourquoi deviendraient-elles nocives ?

Cet état de fait me faisait peur car je me disais que cela allait remettre en question nos façons de nous soigner ou de nous donner des forces.

Kim était épuisée mais elle prit le temps de m’expliquer ce qu’était un virus. Elle n’eut pas le temps de finir sa dernière phrase qu’elle s’écroulait au sol. Orélia partit chercher un garde et il la souleva dans ses bras afin de la déposer délicatement sur un des lits ; elle dormait profondément. Le lendemain, Orélia finit de soigner les dernières personnes qui présentaient les symptômes mais aucun autre cas ne s’était présenté. Kim dormait toujours et pourtant Orélia avait été formelle, elle dormait simplement et n’avait aucun symptôme de quelque nature que ce soit. Le troisième jour sans souci, Orélia m’annonçait qu’elle désirait retrouver Mike. Je la regardais partir et elle me promit de rester quelques jours auprès de ma famille afin de soulager Ben et s’occuper des enfants.

Au lendemain de son départ, Kim s’éveilla et me demanda quel jour nous étions. Je la regardais, elle avait l’air toute fraîche et bien remise.

- Bonsoir Kim, Nous ne sommes pas le jour mais le soir et surtout tu as dormi presque cinq jours consécutifs. Tu te sens mieux ?

Je pris le temps de lui expliquer qu’Orélia avait fini d’administrer les soins aux personnes malades et qu’aucun autre cas s’était présenté. La population était revenue ainsi que l’harmonie du village. Je n’avais aucune idée si d’autres villages avaient été touchés et il restait encore du remède. Je lui dis aussi qu'Orélia était repartie pour rejoindre Mike et soulager Ben en s'occupant de mes enfants. Je la regardais et je lui posais des questions.

- Avant de t’endormir tu m’avais parler de m’indiquer comment je pourrais reconnaître une plante infectée ainsi que des insectes portant je sais pas quoi ? Tu parlais aussi d’éradiquer cette infection avant de provoquer une pandémie. J’ai l’habitude que tu emploies de drôle de mots mais c’est qui la Pandémie ? Je connais quasiment tous les peuples, j’ai vu pas mal de monstre mais là j’avoue ne pas connaître. Mais je te laisse venir te restaurer un peu avant de finir la soirée.

Kim me souriait et elle se leva sur ses jambes tremblantes d’avoir été immobiles aussi longtemps. Lorsqu’elle passa à table, je la rassurais en lui disant que les aliments étaient préalablement cuits et que nous attendions son autorisation avant de consommer des aliments crus.

Kim prit mes questions très au sérieux et ne se moqua pas des termes que je ne connaissais pas. Leur monde était vraiment bizarre et j’étais curieuse de tout. Avec les explications de Kim, tout me parut plus fluide et je pense que je saurai reconnaître une plante malade ; Cependant il me sera totalement impossible de l’identifier et d’en ressortir un traitement !

- Je trouve stupide de la part des hommes de ton monde de vouloir utiliser ces « virus » afin de tuer tout un peuple voir même plusieurs. Ici nous combattons des bêtes sauvages la plupart du temps.

Je fronçais les sourcils et me mit à m’interroger mentalement. Mais ce que je disais était stupide, nous ne valions pas mieux.

- Je critique ton monde alors que je tue des sorciers noirs à tour de bras et que je règle la Paix à ma façon. En fait c’est toujours une question de pouvoir et d’équilibre et certains, comme moi, qui se trouvent « gentils » décident pour tous les autres qui se disent aussi « gentils ». Mais bon Jack m’a expliqué que vous avez aussi des guerres et que les hommes s’entretuent avec des armes. Pourquoi ont-ils besoin de décimer d’autres gens avec des virus !? Non votre monde est tout de même plus compliqué que le nôtre.

Je trouvais mon explication rationnelle et logique sans pour autant être décidée à ne plus faire la loi à ma façon. Je souris à Kim et je lui proposais de rentrer chez nous.

- Je pense que tu as bien travaillé, les villageois te sont reconnaissants et je pense que ton nom sera gravé dans leur mémoire comme étant la « sauveuse ». Mais Ben et les enfants me manquent et je désire rentrer. Je pense que Jack doit aussi te manquer. Nous allons nous reposer et demain nous prendrons la route.

Grâce à Kim, cette « pandémie » n’avait pas eu lieu et elle avait stoppé rapidement l’évolution de la maladie de ses pauvres villageois. Ils organisèrent un banquet en notre honneur et le lendemain matin fut terriblement touchant. Tout le monde voulait embrasser leurs « sauveteuses ». Nous prîmes la route mais Kim donna encore des instructions à ces braves gens.

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