Posté non loin du domaine royal audasien j’attendais de finaliser un projet avec un contremaître qui m’avait demandé mon avis. Les travaux avaient été bien réalisé et peu de choses se trouvaient à redire. Nous terminions le tour, il me remerciait et je reçus ma bourse pour mon travail de plan et vérification. Je glissais le tout dans ma besace. Estimant l’heure de ce début d’après-midi, je décidais de me rafraîchir dans une taverne du centre. C’était un bon repère pour être tranquille ou faire de menue affaire. L’établissement était relativement sûr vue le nombre de gardes qui prenaient leur temps de pause là-bas.

J’entrais et m’assis à une table en coin de salle. Je commandais ma pinte habituelle et posais mon sac sur mes genoux. Je me mis à compter mes pièces et fus ravi d’y trouver le compte. Je payais ma consommation et vis un individu suspect entrer. Il s’assit au comptoir et commandait. Il n’était pas vraiment net ce gars. Je lançais le sort que Patrick m’avait enseigné pour détecter la magie d’une personne. En me concentrant je détectais une personne avec de la magie curative et lui. J’écarquillais les yeux et haussais les sourcils. Tiens donc, je connaissais cette magie. Pas que cela me fasse dresser les poils comme nombre de mes amis mais l’individu excitait ma curiosité. Je voulais savoir ce que ce sorcier noir faisait là et si je pouvais l’aider. Et oui, j’étais de ceux qui pensent que tous ne sont pas d’horrible crapule mais que la justice ou la moins pire des solutions pouvaient être amenées à voir le jour par des moyens non légaux.

Je pris ma pinte, on sac sur l’épaule, et me dirigeais à côté de lui. Je grimpais sur l’une des chaises du comptoir et posais lourdement ma choppe sur le bois verni. Je regardais droit devant. M’assurant que l’aubergiste fut bien occupé avec sa conversation, je parlais bas vers l’inconnu :

« Dis-moi sorcier noir, quelles affaires t’amène ici à Tialtec ? »

J'étais là en présence d'un bien drôle de personnage. J'hésitais entre me dire qu'il se foutais de ma gueule ou bien si cette attitude était pour lui une manière de se cacher de ceux qui nous entouraient. Je voyais bien que j'avais à faire à une sorte de manipulateur et pas celui de bas étage. Quelque chose en moi me disait que je ferais bien de veiller l'oiseau, pour mon bien et celui de la ville. Je réfléchis ensuite à sa proposition et ce qu'il recherchait. C'était un sorcier noir et il en avait derrière la tête, ça c'était acté... Resté maintenant à comprendre à quoi pouvaient être utiles ces éléments une fois assemblés. Cela dit ce n'est pas moi qui le blâmerais de bricoler.

Je bus de ma bière et relevais le regard vers lui. Il était jeune et pourtant sûr de lui, ou bien n'était-ce qu'une façade... Tout ce qu'il recherchait était bien présent là et en l'accompagnant j'en apprendrais peut-être un peu plus. Et puis traiter avec les sorciers noirs ne m'était pas inconnu.

"Très bien mon petit. Je suis curieux et j'ai l'âme scientifique. Je sais bien sûr où trouver ce qu'il te faut et à bon prix..."

Je me tournais d'un quart de tour pour être face à lui et non face au comptoir. Je me penchais légèrement sous son nez :

"Mais vois-tu, que tu sois ce que tu es m'importe peu mais tu n'as aucun intérêt à jouer les idiots ou bien te faire passer pour ce que tu n'es pas. De plus nous ne sommes pas assez proches pour que je partage ma vision du monde avec toi."

Je me retournais et bus encore de ma bière.

"La confiance ça se gagne et ça se respecte. J'accepte de t'aider, j'accepte que tu me tutoie mais pas de fourberies que de la franchise. Mes oreilles sont prêtes à tout entendre, j'écouterais ce que bon me semble. Marché conclu ? Que te faut-il en priorité ?"
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En même temps que ce jeune sorcier noir m'énonçait les produits dont il avait besoin des lieux me venaient à l'esprit : commerces, usines, amis... qui pourrait me fournir ce dont il aurait besoin. Je commençais aussi à réfléchir à ce dont pouvait servir tout ces éléments, mais le problème fut qu'ils servaient à bien des bases dans les potions... Je ne m'en préoccupais donc pas davantage, j'allais être payé et j'allais me promener dans ma ville préférée.

Il me sortit une bourse qui me semblait bien assez fournie pour le service que j'allais lui rendre. Comme je sentais que nous étions plus ou moins sur le départ, je finis de boire ma bière et le regardais sortir quand mon coude se levait pour faire descendre la dernière goutte. Je sortais et finis d'écouter la liste des produits qu'il voulait.

"Très bien, alors je te propose que nous commencions par aller à l'usine qui fabrique chez nous toute la verrerie."

Je commençais à marcher dans la direction de la fabrique et lui expliquais pourquoi commencer par là.

"Ils disposent d'un stock de produits manufacturés dont le final ne correspond pas à la forme initiale, ou bien une couleur ou un petit défaut fait que l'administration royale ne veut pas que ces produits figures parmi les boutiques assermentées. Tout cela pour dire que si tu as l'œil tu peux gagner soit gratuitement, soit à un prix dérisoire des fioles, verres ou autre ustensiles... En fait, je me nomme Rulf, fils de Milgar et Adelie, à ton service"

Nous marchions ensuite un peu en silence. Nous arrivions assez vite au quartier dit industriel et nous bifurquions dans une rue plus petite mais très propre. Nous contournions le bâtiment de la fabrique et nous rendions sur une petite porte latérale. Je frappais trois coups et un ami nain ouvrait la porte un peu bougon. Mauvaise journée pour lui visiblement. Je le saluais cordialement et son air changeais. Il ne fit pas attention à l'inconnu qui m'accompagnait. Je lui expliquais la raison de notre venue et celui-ci nous laissa pénétrer à l'intérieur. Even dû baisser la tête pour entrer mais le toit de la fabrique ensuite était très haut. Mon ami me montrai une sorte de grande benne avec énormément de verre empilé dedans. Il grogna :

"Là, c'est l'gratuit" D'un geste il nous montra une étagère un peu poussiéreuse : "Là, c'est les défauts". Puis il tourna d'un quart de tour et montrait une étagère plus propre : "Et là c'est les derniers éléments hors normes. Trouvez votre bonheur, j'ai du boulot désolé. Je reviendrais si vous prenez quelque chose. Garlud, Henri, venez me surveiller ces messieurs et les conseiller si nécessaire. Bonne recherche messieurs".

Il s'inclina légèrement après cette dernière phrase cordiale et fila en vitesse par une porte d'où venait un grand bruit quand il l'entrouvrait. Deux nains s'approchèrent de nous les mains derrière le dos et restaient plantés là à attendre. J'allais maintenant aider Even à trouver son bonheur dans ce bric à brac.

Spoiler:

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