Comme pour se faire pardonner, nous nous rendions dans une taverne en ville. Est-ce le hasard ou une simple coïncidence mais Patrick choisit ma taverne préférée, l’ambiance y était très chaleureuse et la serveuse était une amie à moi. Je ne lui avais pas totalement pardonné pour ce qui s’était passé dans le magasin mais je ne suis pas non plus du genre à me mettre à dos les personnes, ce n’est pas ma nature propre. Je m’asseois donc à ma place, toujours au même endroit prêt de la fenêtre, pour observer les personnes qui se promènent dans la rue, oubliant un instant les dangers qui planent non loin de leurs maisons.

La serveuse arrive, ce n’était pas mon amie, peut-être qu’elle ne travaillait pas aujourd’hui. Je commandais comme à mon habitude un jus de fruit à la mangue, je savais que Katy me réservait toujours une bouteille mais là, ce n’était pas elle, il n’y en avait plus. Face à cette réponse négative, je commandais alors une autre boisson, moins exotique, un mélange de baies de la région. Je passais mon temps à regarder par la fenêtre et essayer de faire abstraction de la présence de Patrick sur la même table que moi. Il déplia une carte et sa main touchait la mienne par inattention. Je fis juste un mouvement de recul et enlevait ma main. C’était un comportement stupide et ça ne pouvait plus durer. Je pris alors les devants.

- Je suis désolé pour toute à l’heure, je n’aurais pas du prendre la défense de ce nain, tu es un type bien au fond, et je croyais que tu n’allais pas être indulgent avec lui. Je réalise que tu n’es pas un mercenaire comme les autres et tu me rappelles une personne que j’ai connu, qui est bien loin d’ici et qui me manque. Je pense que l’on forme une bonne équipe même si on s’est rencontré dans des conditions un peu particulière. Je ne veux pas vous imposer ma présence sur cette affaire, je peux vous conseiller d’autres personnes qui seront tout aussi capable que moi de vous menez à cette fleur. Je n’ai plus rien à dire, j’attends votre décision

Ma voix se teintait de mélancolie et de rumeurs. J’avais fait passé mes préjugés avant tout au lieu de me fier à mon instinct comme je le fais. Personne n’est parfait, je pense que chacun d’entre nous le sait mais lorsque l’on a une idée en tête, il est difficile de l’effacer. Je me sentais vraiment gênée mais aussi vraiment libre après cette confession. Il m’apprendrait sans doute plus de choses que je ne pourrais lui apprendre mais j’espère sincèrement qu’il acceptera que nous continuons l’aventure, ensemble. Je connaissais les rudiments de la défense mais j’avais besoin de savoir me défendre, j’allais dans un futur proche être confronté à des créatures étranges. Les forêts ne sont plus sûres et je sais quelles regorgent de monstres maléfiques. Je le regardais droit dans les yeux, aucun indice sur la décision qu’il allait prendre.

Il finit par me présenter ce que je pense être des excuses mais j’ai appris qu’avec lui ce n’était pas vraiment toujours évident. J’avais mis une sorte d’ultimatum mais apparemment il comptait vraiment que je vienne avec lui, pas par obligations mais par choix. Devant ces paroles flatteuses, enfin, on va dire ça comme ça, je me contentais de lui faire un simple sourire, je n’étais finalement pas qu’un boulet pour lui, il avait compris que je pourrais être utile et j’espère que je serais satisfaire ces attentes. Je ne reviendrais pas sur ce qu’il s’était passé dans le magasin, je ne suis pas non plus du genre rancunière et je n’allais pas lui ressasser ça indéfiniment. Je me contentais donc d’accepter ces excuses et de prendre une grande gorgée de cette nouvelle boisson que je goûtais pour la première fois, et qui me plaisait bien. Je reposais mon verre et prêtait alors un peu plus d’attention à la carte qu’il avait mis au milieu de la table. En même temps comment ignorait quelque chose qui est juste sous notre regard ? En regardant dehors peut être, mais ça devient lassant au bout d’un moment. Je relevais le nez quand j’écoutais un bruit dans le bar. Un homme d’un certain âge venait de brisé un verre produisant un éclat sonore qui attira mon attention et celle de pratique. Je vis mon amie qui était gênée et qui ramassait les morceaux de verre. Puis Patrick se retourna et fit son air typique, celui qui attendait les questions.

- Je pense que le parcours n’est pas trop mal mais vous prévoyait de passer dans ces bois, ici sur la carte. Je lui pointais du doigt- J’ai entendu du dire qu’une grande sorcière y avait établi son habitat et que toutes les personnes qui entraient dans ces bois tombaient sous son puissant sortilège. Elle prend une apparence particulière selon les personnes et vous propose tout un tas de choses pour votre plaisir et qui la plupart du temps, envoûte les gens. C’est un risque à prendre mais il nous permettrait d’être bien plus rapidement dans le territoire nain.

Il écoutait avec attention cette petite anecdote et regardait l’emplacement sur la carte. Je commençais à le connaître, enfin, il me semble, j’étais sûr qu’il ne voudrait pas détourner son parcours. Personnellement, j’avais toujours voulu rencontré cette personne pour savoir en peu de temps, tous mes défauts, ça pourrait être très intéressant de savoir avec quoi on peu m’attirait, même si je pense avoir ma petite idée. En même temps, si elle me met l’alchimiste face à moi avec son sourire ravageur, je tombe sous le charme direct. C’est en partie pour cela que je n’y serais jamais allé seule, je ne suis pas folle non plus. Patrick pourra donc s’avérer un excellent partenaire pour ce genre de défi personnel, enfin s’il ne tombe pas sous le charme de quelques choses, mais vu le bonhomme, j’ai du mal à m’imaginer. Je gardais un œil sur mon amie, l’homme probablement saoul, restait, pour le moment très courtois, mais je connais bien ce genre de gars, je devais agir si nécessaire.