Cela faisait bien longtemps que j'avais dans l'idée de retourner à l'école de magie pour parfaire entièrement ma formation et devenir un grand mage de guerre. Après un échec avec une apprentie têtue, peu studieuse, affolée d'un rien et dépitée de tout, j'avais à présent Kim qui découvrait la magie par mes soins et apprenait vite grâce à sa curiosité, son esprit perspicace et la motivation qu'elle me prouvait chaque jour. Il était vrai que nous n'habitions pas au même endroit et que ni elle ni moi concevions cet apprentissage comme une relation maître-valet, mais comme deux amis, mais ce lien était fort et réel, ce qui me donnais le droit selon moi d'accéder au rang que je voulais qu'on me reconnut.  

Bien que ce projet fusse repoussé sans cesse, je le remis au goût du jour quand je fus appelé au secours par l'un de mes anciens maîtres pour une affaire au seine de son école, nouvellement fondée à Ad'Lucem, qu'il fallait résoudre en toute discrétion. Il devait être vieux à présent, mais il m'avait soutenu une fois que je lui avais enfin prouvé ma valeur. Il m'avait écrit une lettre pour me demander d'enquêter, sans plus de précisions( qu'il disait me donner une fois sur place). J'étais à ses yeux celui qui avait le plus résolu de problème parmi ses anciens élèves et qui saurait rester diplomate en bien des circonstances. De plus, l'école de magie nouvellement formée à Ad Lucem avait pour but de concurrencer la grande école de magie de Fortilia. Depuis que le nouveau gouvernement des elfes était en place, la magie ne devait plus avoir un pôle unique selon les grands mages de Podendril (ce qui n'était pas un luxe).

Je lui répondais à travers une boîte magique (il suffit de mettre le papier dans la boite et celui-ci disparait une fois l'autre boite magique ouverte) que j'acceptais son offre de mission et que je serais là dans trois jours. Je préparais mes affaires et partais à pied comme à mon habitude. J'en profitais en route pour régler quelques affaires de ma baronnie.

Une fois sur place je m'émerveillais des lieux en remarquant le luxe des installations : les dorures, le marbre, les boiseries, les dessins au sol, les schémas au murs, les tableaux, les cartes... Cet ensemble créait un endroit dédié à la magie, aux sciences, aux arts, à la littérature, bref, une école de magie où l'élite et la jeunesse pouvait cultiver ensemble les savoirs, les compétences et les expériences de notre monde. Et bien que l'endroit fusse si richement décoré, emplis de savoirs, foisonnant de gens et dédiées, on se sentait ici chez soi et à notre aise car rien n'était là par pure magnificence mais il y avait là quelque chose de beau !

Je rencontrais des professeurs qui me saluaient rapidement en passant. Je demandais le bureau de maître Géodalf et une jeune femme accepta de me guider. J'apprenais qu'elle s'appelait Elena. Elle devait avoir à peu près mon âge, plus petite que moi, brune, mignonne (ce fut l'une de mes premières pensées coupables en la voyant). Elle était ici pour terminer une formation en magie de la guérison et de la protection. Ses parents n'avaient pas eu les moyens de l'inscrire à Fortilia et pour elle s'était un honneur d'être ici. Nous discutions de la fondation de l'école, ancienne bibliothèque royale, puis archives administratives par extension avant de devenir ce lieu de savoirs. Malgré nous, Elena prit congé de moi au seuil du bureau du directeur. Je lui donnais mon prénom avant qu'elle ne me tourne le dos. Je remarquais ses sourcils se arquer en me demandant bien ce que cela pouvait bien signifier. J'attendis qu'elle fut un peu éloigner avant de frapper et entrer dans le bureau de M.Géodalf.

Géodalf avait encore ses longs cheveux, blancs à présents, qui tombaient en dessous de ses épaules. Il portait une barbe plus longue qu'autrefois mais toujours aussi épaisse et broussailleuse. Je retrouvais dans son air altier et sa présence le mage grand maître de magie guerrière d'antan. Un large sourire se dessina sur ses lèvres et quand l se leva se fut un vieux géant qui venait de prendre dans ses bras son alter ego dans la force de l'âge. Je fus aussi content de le revoir et lui rendis un peu de son étreinte.

"Ah mon petit Patrick, qu'il est bon de te revoir ! Assieds-toi donc que je t'expose les raison de ta venue"

Il m'expliqua que des charmes anciens disparaissaient de temps à autre avant de reparaître, jusque-là ! En effet, certains charmes puissants et interdits de consultations à la plupart des étudiants car nécessitant un degré de maîtrise important de la magie, dis paissaient de façon temporaire assez longue pour éveiller soupçons et inquiétude. A ce jour plusieurs sorts de l'ancien temps manquaient dans la bibliothèque. Il voulait donc me charger de retrouver le ou la coupable discrètement et mettre fin aux rumeurs ou bien avant que quelque chose de grave n'arrive. "Mieux vaut prévenir que guérir".

Je me fis passer pour ce que je voulais être : un maître en train de parfaire sa maîtrise aux plus hauts niveaux pour devenir grand maître. Je passais donc du temps à la bibliothèque ou dans les couloirs de l'école. Je pris le rythme de vie des étudiants les plus studieux et recroisais assez souvent Elena. Je mangeais fréquemment avec elle et discutais de tout et surtout de rien. Elle était magnifique, brillante et intelligente. Je me surprenais des soirs à lui écrire des poèmes. Mais elle ne saurait rien de ça et je ne lui dirais rien...

Mon enquête n'avançait guère et je compilais tout un tas de pistes à m'en noyer dedans ! J'avais besoin d'aide !

Je pensais immédiatement à Jack, qui était soldat dans la capitale et que je savais de retour depuis quelques jours. Je demandais à Géodalf de l'introduire lui aussi et il accepta que mon ami puisse venir m'aider. Je rendis visite à mon ami chez lui pour la première fois depuis que nous nous connaissions. Je le saluais avec une vraie joie et le serrais dans mes bras fraternellement. Nous partagions le repas du midi et je lui exposais tout ce qui avait débuter cette quête (en ne parlant pas d'Elena, ce qui aurait été fort inutile). Je lui sortais en fin de repas toutes mes pistes notées sur des dizaines de morceaux de papiers différents : des noms, des plans, des titres d'ouvrages, des types de magiciens, des lieux particuliers... mais rien de probant. Mon ami sentit vite mon désarroi. Je lui posais l'ultime question qui sonnait rhétorique entre nous :

"... alors voilà les raisons de ma venue chez toi sans prévenir je m'en excuse encore. Penses-tu pouvoir m'aider ?"

Jack ne semblait pas me prendre au sérieux dans ma demande. Je ne me moquais pourtant pas de lui et savais que je pouvais lui faire confiance. Il changeait d'air et considérait ensuite ce que j'étais en train de lui exposer. J'avais pris le luxe de lire certaines de ses pensées : il ne se sentait pas le plus à même de réaliser cette tâche, mais bien au contraire !

"Oui, voilà la liste, tiens. Mais avant toutes choses, saches que si j'ai choisi de m'adresser à toi plutôt qu'une autre de mes connaissances, c'est que tu es le plus humain d'abord. Tu sais... Nous avons démêlé des choses que peu de gens pourrait comprendre. On forme un duo  d'exception. Quand on réfléchit aux choses elles se complètes et nous n'avons pas besoin de parler des heures. Quand bien même ce fut le cas nous avons toujours avancer. Alors pourquoi pas Cheryl ? Pour son sens de la diplomatie qui se rapproche de celui d'un gobelin. Pourquoi pas Mike ? Il ne connait guère plus de chose que toi aux rouages de la magie, voire même moins, et ne s'intéresse absolument pas à la politique. Pourquoi pas Kim ? Oula ! Faudrait-il déjà que sa curiosité n'impacte pas l'objectif de la mission. Elle est excellente, mais s'éparpille. Pour ce qui est de Tyler je n'ai pas assez confiance en lui pour lui demander d'intervenir sur un sujet aussi épineux que des charmes anciens. Alors mon ami, crois-moi, si je t'ai choisi ce n'est pas par défaut mais bien parce que tu es l'homme qu'il me faut. Enfin, j'aimerais te dire que si je suis perdu c'est à la fois parce que je connais certains professeurs de cette école qui soit furent mes propres professeurs comme le directeur ou qui furent de mes camarades quand j'étais élèves. Ces lieux, leurs organisations, ses façons de penser je les connais, je les ai vécu de façon similaires à l'école de magie de Fortilia. Là aussi, tu ne connais pas ce monde, ses ambiances, pourtant tu es expert pour ce qui est problèmes politiques, intrigues, jalousie, pouvoirs, ambitions... Bref, Jack, j'ai besoin du soldat, du stratège, de l'ami que tu es pour m'appuyer dans cette quête. Il suffit de remettre dans l'ordre dans ces idées. Rendons-nous sur place tiens, je vais te faire visiter les lieux".

Je voulais être le plus concis possible, mais pas évident quand on parle avec sincérité et passion. Puis j'étais peut-être sensible mais je n'aimais pas m'étaler non plus sur ce que je pouvais penser ou décrire mes émotions. Je tenais cependant à ce que Jack sache les raisons qui m'avaient poussé à venir le trouver et demander son aide, même si certains points avaient été omis... Il me dit d'attendre un peu et préparais ces affaires. Il régla un ou deux détails et nous partions. Arrivés devant l'école de magie nous prenions quelques secondes pour admirer l'architecture majestueuses et les décors de l'édifice.

"Tu vas voir l'intérieur est magnifique"

Le directeur n'était pas dans son bureau, donc je pris l'initiative de faire visiter les lieux à Jack. Je commençais par le couloir en direction de la bibliothèque et lui fis voir différentes salles dont celles de cours qui n'étaient pas occupées en passant. Alors que nous arrivions au niveau du sanctuaire des livres, nous croisions Elena qui me dit un rapide bonjour en serrant quelques livres sur sa poitrine. Je lui souris et lui rendais sa salutations en poussant les lourdes portes de la bibliothèque. Jack était quelque peu émerveillé du spectacle qui s'offrait à nos yeux. Des dizaines d'étudiants testaient de petits sorts le nez au-dessus d'un bouquin. Il y avait alors diverse lumières, d'autres lisaient très sérieusement, d'autres encore prenaient des notes de leurs lectures. Je racontais à Jack que j'étais un peu comme eux à une époque, puis je lui racontais le système pour emprunter les livres selon la classe, la spécialité... jusqu'aux registres pour faire sortir le livre des lieux ou au contraire où le consulter sur place. Nous traversions les rangées d'étagères pour nous rendre dans une pièce où étaient entreposés les livres anciens.

"C'est ici que les charmes les plus anciens ont été déposé ou retranscrit..."

Le gardien des lieux nous avait repéré et s'était levé pour venir nous voir et compléta mes paroles :

"Et toute personne voulant les lire ou consulter ne peu sortir de cette pièce. Il n'y a d'ailleurs que trois bureaux et trois chaises : la mienne et les deux en ordre opposé à chaque coin de la pièce que je peux voir de ma place sans bouger... Je ne sais comment il a été possible que les ouvrages disparaissent. Un enchantement avait été lancé pour qu'ils ne quittent pas la pièce... Je me présente, excusez cette intrusion auprès de vous : Maître Liu, gardien des artefacts et livres anciens. A qui ai-je l'honneur ?" demanda-t-il en serrant la main de Jack.

Maître Liu était un petit homme droit, vif et sincère. Il était d'une grade intelligence et connaissait son métier sur le bout des doigts. Il était cependant assez asocial et peu avenant avec les étudiants. Il n'aimait pas enseigner du fait de son impatience envers les cerveaux les plus lents. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'on lui avait confié cette tâche qu'il adorait depuis.

Maître Liu nous invita à son bureau pour que nous puissions discuter. Il répondait à Jack assez rapidement en sortant un gros livre d'un des tiroirs de son bureau.

"Chaque personne venant consulter un livre doit m'en référer. Dans ce livre est noté le jour, le nom de la personne, pas toujours, mais des fois je note l'heure approximative de la journée ou de la nuit et je demande une signature. J'ai ainsi la liste des ouvrages consultés, ce qui me permet de rendre plus accessible ceux les plus lus ou réorganiser mes rayons. Cela m'informe aussi un peu des professeurs ou étudiants qui lisent ici. Je peux me servir parfois de ces informations pour les aider dans leurs études. Je vous laisse consulter tout cela. Excusez-moi".

Une personne venait de faire signe à notre interlocuteur qui avait besoin de précision sur un ouvrage qu'il venait de lire. Je comprenais vaguement qu'il y avait une suite et qu'il ne l'a trouvé pas. Je me retournais vers le registre et dis à Jack :

"J'ai déjà consulté ce registre, les dates et les noms. J'ai fait cette petite liste-ci, mais cela n'a rien donné..."

Je lui tendis la liste de noms que j'avais pu tiré de ce registre suivant les dates et heures pendant lesquelles les charmes interdits avaient été volé. J'avais fait un tour de leur chambre et discuté avec eux en vain. Les signatures n'étaient pas falsifiées.

"Je m'étais même demandé si quelqu'un n'avait pas emprunté pour une autre personne, mais cela ne me semble guère possible..."

C'était la première fois que dans une mission j'avais fait mon travail correctement et que je ne trouvais rien de solide. J'étais certes quelque peu désabusé mais un espoir nouveau naissait grâce à mon ami. Il était un peu comme moi, avec un truc de plus qu'il avait en moins : la magie. Cette affaire sentait tellement la magie que ne pas en avoir devait surement le servir. Je sursautais à cette idée. Jack regardait le registre et n'avais pas vu mon sursaut à mon idée.

"Hé ! Je viens d'avoir une idée ! Alors voilà, le problème semble être indéniablement la magie. Celui ou celle qui a volé ces charmes doit être un magicien avide, ou en quête de quelque chose par ses sorts anciens. Alors voilà, je sais qu'il existe un sort ou un artefact capable d'ôter toute magie à tout un ensemble de personne dans une zone restreinte. En gros mon idée c'est d'ôter toute magie à toute les personnes de cette école, ainsi le voleur se démasquerait par son anxiété. Qu'en dis-tu ?"

Ma théorie était-elle viable ? Le directeur tenterait ben l'expérience au vu des enjeux mais sous certaines réserves. Etais-je encore en train de m'égarer davantage ou tenait-on enfin une piste pour étayer nos réflexions ? Et puis d'abord, qu'est-ce que Jack pouvait avoir derrière la tête moi qui le coupait encore par une de mes élucubrations...

Les précisions que demandaient Jack étaient tout à fait celles dont j’attendais les talents d’investigateur de mon ami. Jamais aucune autre personne de qualité n’aurait posé ce genre de questions. Je les écoutais avec attention et notais bien ce que voulais savoir mon ami. Je hochais positivement de la tête en guise de réponse, j’allais me renseigner.

Jack eut ensuite une idée et je le laissais avec Maître Liu. Je me dirigeais vers les plans d’architectures du bâtiment, puis je me rendais dans le bureau du directeur mon ancien maître et ami pour lui poser les questions auxquelles j’eus rapidement des réponses précises. Je comprenais ce que Jack avait derrière la tête et une autre piste s’éclaircissait à moi : et si toute cette histoire n’était en réalité qu’une erreur humaine ? Pourquoi l’idée ne m’était-elle pas venue d’elle-même à l’esprit ?

Comme s’il s’agissait d’un trésor, et ceci l’était à juste titre, Jack et moi, chacun de notre côté nous lancions dans les vérifications des lieux, des personnes, des actes, pour reconstituer au mieux ce qui avait pu se passer. Ces informations furent compléter au plus précis et mon ami revenait si bien que je terminais de noter ma dernière ligne.

« Jack ! Je pense enfin comprendre là où tu veux en venir ! J’ai été long à la réaction, mais j’ai travaillé ! »

Je le fis assoir et Geodalf nous laissa seuls. Je pris mes papiers, plus par assurance en cas de précision à donner que pour rendre compte du fruit de mes recherches à Jack.

« Les murs sont fait de gré ferrugineux, de calcaire et de basaltes. Les poutres sont en chênes massifs, les clous et autres morceaux de métal en fer, étain, cuivre et mithril nain. Pour ce qui est du sort de protection, te passant les détails, il s’agit d’un puissant sort de magie blanche qui protège des sorts de magie noir, du feu, de l’eau et l’humidité, de la foudre, des animaux, des nuisibles en tout genre, de la poussière, du poison et bien d’autres choses, j’ai la liste ici si tu le souhaite. Tiens, voici aussi la liste des noms des personnes ayant consultées des charmes anciens dans la nuit ou tard le soir. J’en ai aussi profité pour faire la biographie de maître Liu. Tout est impeccable, irréprochable. J’ai seulement trouvé qu’il était marié et cela semble être son seul secret. Toujours à l’heure, serviable et fidèle au poste. Par contre, j’aimerais attirer ton attention sur ce professeur : maître Kelm. Il a été à la bibliothèque dix-huit fois en une semaine. Cela est étonnant, à voir. Sinon … »

Un bruit de coups de poings frappés dans la porte coupa mes nouvelles élucubrations. Je me levais en fronçant les sourcils et regardant Jack d’un air interrogateur. Qui pouvait bien vouloir nous parler ? Cette fois mon ami ne semblait pas être dans le coup. J’ouvrais la porte et découvrais Elena à attendre patiemment la tête baissée. Ses yeux rivés sur ses pieds se relevèrent à mon visage et elle sourit légèrement.

« Rebonjour, excusez-moi de vous importuner ainsi mais j’aimerais vous aider. J’ai appris ce que vous faisiez et je ne l’ai dit à personne rassurez-vous, mais je voudrais parler à votre ami et vous pour vous offrir mon aide. S’il vous plaît, laissez-moi entrer »

Jack avait écouté sa demande. Je me tournais de trois quarts face pour lui demander du regard ce que nous décidions à propos d’elle. D’un côté cette aide pouvait nous apporter un nouveau point de vue ou nous permettre d’avoir quelqu’un dans la place, ou au contraire elle pouvait nous entraver, ou encore si elle ne gardait pas le silence face à notre refus cette affaire pourrait prendre des dimensions que nous ne jugions pas favorables. Je laissais Jack, plus lucide concernant toute cette affaire, prendre la décision. Nous poursuivrons notre discussion ensuite et j’écouterais ses plans.

Jack se présenta et l’accepta dans notre « équipe ». Il lui demanda deux petites choses puis me fis sursauter en me demandant une conversation privée. Qu’avait-il découvert ? Que me voulait-il ? Savait-il quelque chose qui puisse remettre mon jugement en doute ou bien devrais-je savoir quelque chose concernant une personne de l’école ? Que pouvait bien vouloir mon ami « en privé » ?

Nous nous rendions dans la pièce à côté, à huit clos nous commencions cet entretien. Ces questions m’intriguaient. Je donnais cette impression en ce moment ? Je réfléchis mais je ne voyais pas ce que je n’avais pas pu lui dire concernant l’affaire et j’étais en bonne santé… Avant qu’il ne sorte je lui répondais :

« Je vais bien je t’assure et je ne te cache rien concernant l’affaire, je t’ai tout dis. Et Elena peut nous aider, je n’y vois aucun inconvénients … »

La porte était déjà ouverte et nous rejoignions notre nouvelle acolyte à cet instant. Elle portait la même longue robe de mage bleue que ce matin. Elle avait les cheveux attachés par conte en une tresse unique qui descendait sur son épaule gauche dont la pointe atteignait le haut de son sein. Elle tenait des petits papiers dans ces mains sur lesquels elle avait noté les informations que lui avait demandées Jack.

« Alors, voilà ce que vous m’avez demandé : les éléments que vous m’avez donnés ne peuvent pas en eux-mêmes absorber la magie. Seulement j’ai appris qu’il y avait des dessins-talismans de dessinés à certains endroits. Ils permettent de protéger la pièce en plus du sort contre les esprits démoniaques, soit les démons purs et les fantômes. Je ne sais pas ce qu’est un démon pur mais c’est ce que j’ai trouvé. Pour répondre d’une manière définitive à votre question, oui la pièce des livres anciens est protégée de la magie. Pour ce qui est de rester discrète, vous pouvez compter sur moi »

Son petit sourire à la fin me touchait. Elle était vraiment belle. Son dynamisme mettrait surement de l’entrain à cette quête, mais ce sérieux en même temps ! Bel oxymore qu’une femme penserait le poète, quelle braise ardente qu’une stalagmite des hauts sommets des territoires hostiles ! Le silence qui allait s’imposer me fit sortir de mes rêveries et je pensais à la question de Jack.

« Informations intéressantes … Jack, je pense qu’il faudrait un entretien privé avec le professeur. Pendant ce temps il faudrait éloigner maître Liu de la pièce. Je crois enfin comprendre ce qui s’est passé. Suivez-moi »

Je piquais ainsi la curiosité de mes amis. Nous traversions les couloirs dans le calme jusqu’à revenir à cette pièce de la bibliothèque. Je remarquais le premier dessin-talisman. Nous les trouvions tous très vite. Jack remarqua que l’un d’entre eux était légèrement effacé.

« A la bonne heure ! Rapprochez-vous »

J’attirais Jack et Elena dans un coin de la pièce et parlais tout bas en chuchotant :

« Comme tout principe mathématiques, moins et moins font plus quand on les additionne. Et là où Jack avait raison c’est qu’il ne s’agit pas là de magie, enfin pas tout à fait »

Nous retournions vers le dessin un peu effacé. Je tâtais le mur, je tapais un peu ensuite. Il ya avait une plaque amovible dans le mur.

« Mais comment n’ai-je pas pensé à ce vieux truc de voleur ? »

Je bougeais la plaque. C’était en fait tout une pierre qui bougeait. Ce trou n’avait été possible qu’à cause de la « rupture » du sort des talismans. La simple usure du bâtiment ! Elena remarqua très justement l’humidité présente sur ce mur-ci, de l’eau quelque part et tout partait à vau-l’eau. Sans Jack jamais je n’en serais venu à de telles suppositions. Une fois la pierre enlevée avec précaution pour ne pas attirer l’attention des lecteurs dans la pièce, nous regardions derrière mais il faisait très noir. J’envoyais une étincelle magique. Quelle ne fut pas notre stupeur de découvrir un œil ! Quelqu’un nous regardait ! Il s’enfuit.

« Quelle est la pièce de l’autre côté ? »

Elena me répondit d’un haussement d’épaule et réfléchit. Je me remémorais très vote les plans mais dessus rien n’indiquait une pièce ici ! Je me précipitais à l’extérieur, Jack sur mes talons. Elena resta figeait sur place. Nous courrions dans la bibliothèque esquivant tous ceux sur notre chemin. Nous traversions le couloir très vite. Impossible de lancer mon sort de vitesse, je me serais pris tous les murs. Nous poursuivions notre course effrénée jusqu’au bout du couloir, mais il n’y avait pas de porte, nous étions bien de l’autre côté du mur de la bibliothèque. Je posais mes mains sur le mur et le sondais magiquement, pas un seul trou de ce côté.

« Mais comment diable ?! … »

Je posais mes mains sur ma tête toujours en train de réfléchir à toute vitesse. Je levais les yeux et eu un déclic. Me tournant vers mon ami essoufflé autant que moi :

« Mais oui ! Par en haut ! »

Nous courrions dans le préau puis sortions du patio. Je regardais le toit, Jack me tapa sur l’épaule. Oui il venait de repérer l’homme. Je jetais un sort de bond pour nous deux, lui prit l’épaule et nous fûmes sur le toit. Mais là plus personne. Je partais d’un côté et de l’autre. Au bout d’une dizaine de minute de précipitations il fallait nous rendre à l’évidence : nous l’avions perdu. Je le retrouvais et nous descendions du toit aidés d’un sort de poids-plume.

« Et merde tiens ! »

Je reprenais enfin mon souffle et reprenais pour moi-même et pour Jack :

« Très bien, grâce à toi nous avons découvert le moyen. Comment les livres ont pu sortir et ont disparu. Nous savons le où, cette pièce que l’on accède par un escalier du toit mais qui n’a aucun autre entrée, comme une cave… Il ne nous reste que le qui. D’après la silhouette que nous avons vue il s’agit d’un homme jeune, agile, en pleine santé et d’environ 1m70 à vu de nez, pas très grand. Nous avançons l’ami ! » dis-je avec un sourire et une main amicale sur l’épaule pour nous réconforter de cet échec.

Jack devait apprécier que j’utilise les méthodes qu’il m’a enseignées de son monde moderne pour l’investigation. Cela nous permettait d’affiner petit à petit les recherches. Mais cela signifiait aussi autre chose, un autre enseignement qu’il m’avait donné un jour : plus on excite un suspect, plus il devient dangereux et imprévisible. C’est pourtant cela qui nous permettra de le démasquer.

Elena apparut au bout du patio et vint nous rejoindre mais derrière elle maître Liu et Géodalf allaient nous attirer d’autres ennuis…

Spoiler:

Jack et Elena apportaient des éléments nouveaux à l’enquête. Quand je les ai eu rejoints ils partagèrent leurs hypothèses avec moi. Ces informations n’avaient pas lieu d’être partagées avec maître Liu ou Geodalf. Bien que ce dernier ne soit pas un suspect direct car trop grand et trop peu agile, l’hypothèse de Jack comme ayant plusieurs personnes sur cette affaire me semblait plus que plausible.

Après avoir échangés, j’attirais maître Géodalf dans une petite pièce pour une tête à tête. Je n’y allais pas par quatre chemins et profitais de sa surprise pour m’immiscer magiquement dans son esprit. Ce que je découvrais alors était stupéfiant. Je lui assénais un coup violent dans le ventre et fis apparaître une corde dans mes mains pour lui attacher les siennes tout de suite. Il gronda comme un vieux père et me dit que je devais continuer de lire dans son esprit plutôt que de me méprendre. C’est ce que je fis, comme si j’écoutais sa confession. Une fois que j’eus vu toutes ses images je le détachais et m’excusais en l’aidant à se relever. Je l’enjoignais de passer à côté et raconter tout ceci à mes amis.

Une fois dans la salle Elena m’apprit qu’elle et jack avait réussi à trouvé les significations des runes et que celles-ci se rattachaient à la famille d’un des étudiants présent entre ces murs. Je me tournais vers eux et leur annonçais :

« Géodalf a une petite histoire très intéressante à nous raconter… »

Je lui tendais une chaise sans un mot et Géodal s’y assis. Je m’appuyais sur un bureau et croisais les doigts. Mes amis allaient donc savoir le fin mot de l’histoire et notre affaire allait enfin se résoudre. Je ne remercierai jamais assez la perspicacité de mon ami sur cette affaire. Géodalf baissa la tête, se racla la gorge et commença son récit d’abord avec peu d’assurance puis de plus en plus fluide.

« Tout d’abord, je dois avouer que je doutais de votre efficacité et je pensais que vous me serviriez un coupable parfait pour cette affaire, mais il semblerait que j’ai douté de l’intelligence des hommes et du pouvoir de la vérité… Hum… Il y a quelques semaines un jeune homme est entré dans mon bureau avec la volonté d’entrer dans cette école. Au vue de ces capacités magiques je ne pouvais lui refuser une telle place ici. Je l’ai donc accepté en tant qu’étudiant. Je ne connaissais de lui que le nom qu’il m’avait donné. Il est appliqué et fait d’énormes progrès. Puis j’ai su qui il était et ce qu’il voulait faire ici. Sachez donc que je n’ai pas toujours été l’homme que je suis aujourd’hui et que ce gamin est l’une de mes erreurs de jeunesse. Alors que j’étais en mission auprès des prêtresses elfiques du grand temple je me suis épris de l’une d’entre elle. J’ai passé une nuit de passion avec elle pensant que cela n’aura aucun lendemain. Vous savez comment sont les prêtresses elfiques… Hum… je … J’ai fondé cette école dans le but d’offrir une alternative aux jeunes ayant des capacités magiques d’étudier ailleurs qu’à la prestigieuse école de magie de Fortilia. Ce jeune est brillant, mais il est mon fils. Il a toujours vécu avec sa mère et connait la magie blanche en détail. Mais il y a dans cette magie blanche des sorts que l’on préfère garder secrets car certains seraient de bien mauvaises augures dans le monde dans lequel nous vivons. Ces charmes interdits sont un héritage ancien longtemps conservé par les prêtresses. Cependant ils sont aujourd’hui également une mine intarissable pour les savants que nous sommes une fois que nous avons un degré de maîtrise parfait de la magie, au moins dans nos « disciplines ». J’en avais parlé un soir à mon fils car nous apprenions à faire connaissance. Alors que je lui disais que je ne voulais pas qu’il y touche avant la fin de sa formation et le plein exercice d’une fonction de mage, celui-ci se mit dans une colère noire et réclama son droit ancestral à consulter ces livres. Alors que les plus inoffensifs disparaissaient et réapparaissaient cela ne me portait pas préjudice, mais quand de plus dangereux le firent je fis appel à vous. Certains professeurs se sont rendu compte du manège et m’ont alerté, mais je ne voulais pas qu’ils remontent à mon fils. J’ai eu l’idée de faire appel à vous pour trouver un suspect idéal, un coupable même et régler cette histoire. Comme je vous l’ai dit, vous m’avez démasqué et surpris par votre sens de l’honneur. Je ne sais pas où est mon fils ni même ce qu’il a entreprit depuis notre dernière entrevue qui a mal tourné. Je vous jure que je ne vous mens plus. Retrouvez-le, ramenez-le en vie et nous le jugerons. Pour ma part je redeviendrai un simple mage ou un professeur mais je démissionnerai de mes fonctions. Cela vous paraît-il honnête ? »

Je soupirais en le regardant. Etais-je donc le dernier homme à peu près intègre sur cette terre avec Jack ? Je regardais Géodalf encore un peu avec insistance avant d’hausser les épaules et tourner ma tête vers mes amis. Je laissais Jack juger de ce qui était le mien à faire de cet homme et ce que nous allions faire pour son fils. Pour moi le mieux était d’enfermer Géodalf le temps que nous retrouvions son fils, puis une fois les deux entre nos mains, les juger selon les lois du royaume et le code des mages, bien que je ne me souvenais plus comment régler tel cas… Des juristes mieux placés que moi arriveront bien à trouver une peine appropriée pour ce cas.

Jack s'avisait de la démarche juridique à suivre pour le cas de Géodalf et prévenait de ce pas le conseil des mages. Nous le laissions afin de retrouver son fils et les charmes disparus. Je m'engageais avec Elena dans différents couloirs de l'école. Les indices semés sur notre chemin nous menèrent à différentes pièces dans lesquelles avait dû se tenir la lecture des charmes magiques. En fait nous suivions l'hypothèses toute simple selon laquelle si le jeune homme voulait acquérir la puissance il devait avoir des temps de lecture "illégaux". L'essence des grimoires fut identifiables grâce à un simple sort de reconnaissance. Un truc ancien de trappeur qui aurait dû me venir à l'esprit. Je devais cependant couper cet effort avec ma faculté de sentir la magie ou l'essence magique d'une personne, exactement la même que lorsque je sentais la présence de mage aux environs. Cette enquête nous emmena tout droit dans un cul de sac. Nous étions dans l'impasse littéralement et au sens figuré.

Gêné par le regard magnifique d'Elena je levais les yeux au plafond.

"Mais bien sûr !"

Elle ne comprit pas de suite que j'étais en train de lui mettre une sorte de vent-râteau. Je levais les bras et touchais le plafond dont la dalle se levait. Je pris appuis sur le mur et tapais dans ce faux plafond avec mon dos. Je me trouvais alors dans un couloir sombre. J'allumais alors pour confirmer la sureté de ce passage et pris les mais d'Elena pour la soulever à ma hauteur. Nous suivions le couloir et nous heurtions un mur. C'était un mur magique puissant. Je le touchais et ne parvins pas à le faire tomber. Je pensais alors à n objet que possédait Jack. Je ne pouvais pas le contacter cependant. Elena captait mon hésitation et me demandait si elle pouvait me rendre service. Je lui suggérais alors avec délicatesse si elle pouvait demander à Jack de changer avec elle car j'avais besoin de lui. Elle déposa un baiser sur ma joue et voulut partir mais je la retins pour l'embrasser. Elle me regarda une seconde et redescendit chercher mon ami.

Je surveillais le couloir et vis des éclat de lumière, des lumières qui changeaient de couleurs et d'intensité dans ce qui semblait être une vaste salle juste là à quelques mètres de moi. La personne ne devait être que ce jeune homme car n'importe quel sorcier digne de ce nom aurait remarqué ma présence ou bien la variation du mur lorsque je l'avais touché. Quand Jack arriva enfin je lui murmurais :

"Hé ! As-tu toujours l'amulette que nous avions trouvé dans l'antre du dragon que nous avions fini par vaincre ? Il me la faudrait pour faire tomber ce mur magique. Ensuite je pense que si tu me couvre nous atteindrons la salle juste là, regarde"

Je tendais mon doigt pour lui montrer tout cela. Il hocha de la tête. Une fois de plus nulle besoin de plus de mots entre nous pour que nous nous comprenions et que nous sachions quoi faire l'un et l'autre. Jack fouilla dans sa poche et trouva l'amulette. Je l'utilisais et le mur tomba, les effets de lumière cessèrent dans le même temps. Tout se précipita ensuite mais cette affaire touchait à sa fin !