Vraiment, je ne voyais pas comment en faire une bonne petite armée à temps. Mais nous serons obligés de faire avec, de les entrainer au mieux. Toutefois, ce que je pouvais redouter serait que ces orcs, ne faisant honneur à leur réputation, prennent couard et s’enfuit devant l’arrivée de nos ennemis. Si déjà ils arrivaient à tenir leur arme, ce serait un très bon point, mais restait à savoir si oui ou non, ils ne craqueront pas lors de la bataille. Crainte qui se dissipa par un des petits miracles de notre amie elfe. J’en restais bouche bée devant un tel prodige. J’eus déjà vue quelques magiciens réalisés des tours incroyables par le passé, mais jamais rien de telle. Et ceci me poussa à cette grande question :

"Vous êtes vraiment très douée. Mais dite moi, ne pouvez-vous donc pas faire apparaitre toute une armée de dix mille hommes ou nous faire gagner en un claquement de doigt ?"

Je n’étais pas un expert en magie, mais quand vous voyez un tel miracle, on croyait subitement qu’un sorcier frôler la divinité, avec cette puissance qui coulait dans ses veines. D’ailleurs, à ce propos, je ne comprenais pas pourquoi l’elfe Cheryl désirait une leçon de tir. Avec sa magie, elle pouvait anéantir son adversaire d’un seul geste. Si j’avais de tels pouvoirs, ma vie serait sans doute bien plus simple. Elles devaient avoir ses obscures raisons, quoi qu’il en soit, j’acceptais.

Le retour des maîtres archers disparue fut un grand soulagement. Ils me secondèrent dans ma tâche, et leurs présences eut aussi le mérite de réconforter et encourager les troupes. Je venais plus qu’à passer dans les troupes, inspecter ces derniers et donner quelques conseils. Les choses se présentèrent bien, jusqu’à ce que je retombasse sur la meneuse de notre bande. Cette dernière eut bien des difficultés à tenir son arme et encore moins à décocher une flèche. La voir dans la difficulté, m’amusa bien, car il fallait le dire, la scène était pittoresque. Cependant, je consentis à lui venir en aide.

"Il faut surtout mieux se positionner. Attendez, je vais vous montrer."

Me gliçant derrière elle, je l’attrapais au niveau des épaules et de la taille pour l’aider. Nos corps se collèrent, afin qu’elle puisse imiter la posture que je pris comme modèle, son dos contre ma poitrine, ses jambes avec les miennes, comme si nous n’étions plus qu’une seule personne.

"Gardez vos pieds en parallèle en eux et votre corps. Vous aurez meilleur appuie." Tapotant ces derniers pour l’aider à corriger son maintiens, mes mains glissèrent le long de ses bras, pour pouvoir la guider dans ses mouvements et ainsi bander l’arc, comme si j’étais un mage ayant prit le contrôle de sa chaire.

L’attrapant au niveau des coudes, je l’aidais à soulever son arme et à tirer sur la corde, tel un ménestrel jouant de son instrument. Sauf que ce ne sera pas des notes qui en sortira, mais la mort.

"Bandez jusqu’à ce que vous sentez une très forte résistance.  Votre flèche entre l’œil et la main. Respirez… Visez… Tirez...." Lui soufflais-je à l’oreille vue notre proximité.

Comme elle débutait, le mieux fut qu’elle prenait son temps, qu’elle comprenait les bases, se sente à l’aise, assez de confiance en elle avant de devenir une bonne archère.

Cheryl apprenait vite. Bien qu’il restât des progrès à faire, l’elfe arrivait à maîtriser son arc, en comprenant les bases que je lui donnais. L’espoir renaissant, nous aurions bien une chance de remporter la victoire et sauver notre peau. De plus, si je pouvais rapporter encore quelques têtes d’orcs sauvages, ma bourse deviendrait bien lourde à la fin. J’ignorais ce que cet homme désirait en faire. Magie ? Alchimie ? Etude ? N’étant pas un homme de science, je lui laissais bien tout le domaine savant avec son langage des plus soutenus, et de ses concepts obscurs.

C’est alors que le dénommé Ben, fit son entrée. Bien qu’il prît à la plaisanterie l’entrainement de sa compagne, il se montra bien rapidement agressif, voulant protéger ce qu’il considérait comme sa propriété. Un mâle qui défendait farouchement, avec jalousie son bien, ici sa femelle. Quand on ne le vivait pas, on pouvait trouver cela fort amusant.

"Allons, elle me parait bien assez grande pour marcher toute seule non ?"

Cela pouvait sonner comme une provocation, une compétition pour se disputer les faveurs de la belle. Admettons-le, Cheryl n’était pas mal dans son genre, une véritable déesse de la nature, un rayon de soleil qui m’avait bien réchauffé quand nous nous étions collés l’un à l’autre pour le tir à l’arc. Mais bien que ce contact eût le mérite de me faire vibrer, je ne ressentais aucun réel désire pour la belle. Même si un peu de distraction serait intéressant, je ne risquerais pas de tout envoyer en l’air à cause d’une gaminerie. Toutefois, je trouvais un réel plaisir à taquiner ce bon vieux Ben. Le faire sortir de ses gonds me serait bien tentant.

"Je vais aller inspecter les troupes et nos défenses. Continuez à vous entrainer, princesse Cheryl."

Et comme dans une belle chanson, je lui accordais un baise main, avec une petite révérence, mais plongeant mes yeux dans les siens, comme si nous venions de créer un contact puissant et mystique, avant de détourner le miens vers Ben, avec un sourire mesquin et de disparaitre.

Que vouliez-vous, j’étais tout de même un galant homme. Bien élevé, je ne disais pas non au charme, aimant courtiser quelques fois une belle demoiselle, surtout aussi ravissante. Je comprenais la jalousie de son compagnon, Cheryl devait faire tourner bien des têtes. Cela étant derrière nous, je passais plusieurs heures à inspecter les alentours. Tout semblait plutôt calme, je crus même que nos ennemis avaient renoncer, jusqu’à ce que je voie courir vers nous, un orc affolé habillé en haillon. Il tenta de nous crier quelque chose, mais le géant vert s’écroula au sol, quelque chose planter dans son dos. Très vite, je sonnais l’alarme :

"On nous attaque ! Tout le monde à son poste !"

Une lignée verte de dessina en haut des barricades, tendant des arcs et visant l’obscure forêt, d’où des lueurs, probablement des lanternes, s’allumaient devant nous. Dans notre camp, le signal fut sonné, on joua du cor si fort que tout le royaume a dut nous entendre.

"Ne tirez qu’à mon signal !"

Les arcs bandaient, tout le monde obéissait. Je m’attendais à voir dévaler dans la clairière, une légion d’orc sauvage pour venir défoncer nos défenses. Mais au lieu de cela, je les trouvais étrangement calme et patient. Les lanternes vacillaient comme si le vent les berçait, et on entendait bien leurs pas et des aboiements sortir de là. Qu’attendaient-ils alors ? J’envoyais tout de même un message prévenir Cheryl et ses amis que nous étions assiégé et que toute aide serait la bienvenue.

Il fallait croire que nous allions passer aux choses sérieuses, par-là j’entendais à de la contrattaque. Cheryl était venue me voir pour m’exposer ses nouvelles directives, et à la longue, nous pourrions croire que c’était elle au final, qui m’avait engagé pour cette mission. Si elle me payait le double, je ne dirais pas non pour avoir deux commanditaires. Bref, le plan fut exposé et me paraissait quelque peu loufoque. Mais bon, je n’allais pas apporter le moindre jugement, dans l’armée j’étais surtout éclaireur. Mes stratégies ne concernaient que moi ou un petit groupe, car jamais je ne fus désigné pour commander les troupes. Alors j’acquiesçais.

Comme convenu, je retrouvais Cheryl à l’entrée du tunnel. Pour l’occasion j’eus fais le plein de flèche, rajouté quelques pièces de cuirs sur ma chemise et me voilà fin prêt. Voyant l’entrée de notre « victoire », je ne pus m’empêcher de pousser un sifflement.

"Eh ben ! Votre homme n’a pas chômé. Que voilà un beau tunnel."

J’en avais vue des humains prendre des semaines pour faire au moins une centaine de mètre voir un peu plus. Mais sans doute que ce fameux Ben fut secondé de quelques orcs, qui d’un simple coup de pelle, pouvait supprimer une colline.

"Bon, on y va ?" Avec mon plus beau sourire narquois avant de m’engouffrer dans cette gorge de terre.

Comme convenu, Cheryl nous éclaira avec son pendentif, et je me demandais si le chemin serait si long que cela, pour y passer toute la nuit. En même temps, je cherchais à comprendre, qui était ma nouvelle compagne. Cette elfe baignait dans un mystère qui me séduisait, je devais l’avoué. Farouche, difficile à cerner, qui pouvait-elle être en réalité ? Une si jolie dame, j’aurais tenté de la séduire un peu, mais je n’aimerais affronter le courroux de son compagnon. Bon, je restais convaincu que je pourrais le battre, mais ce serait provoquer une belle pagaille dans notre camp, et donc, le risque de tous nous faire occire par nos ennemis. Un mauvais plan n’était-il pas ?

"Au fait Ben, c’est votre mari ? Il me parait être un bon gentilhomme. En plus d’être un chef charismatique, sans doute un amant idéal."

Qui ne tentait rien n’a rien non ? Et puis, cela apportait un peu de causette, histoire de détendre l’atmosphère. Car chaque pas que nous faisions, nous rapprochait de nos ennemis. Et j’ignorais si nous tomberions à la lisière de leur camp, ou au beau milieu d’une horde de ces choses. Dans tous les cas, je tenais fermement mon arc dans la main, une flèche à côté, au cas où nous devrions défendre rapidement nos peaux.

"Aussi, besoin d’une précision madame, vous désirez juste que j’immobilise nos adversaire c’est bien cela où puis-je ôter la vie de ceux venant nous barrer la route ?"

Je pris note scrupuleusement de ce que me racontait l’elfe.  Non seulement sur les instructions, mais également sur son époux, où plutôt le second Ben. Tout ceci donnait à de belles interprétations, surtout que sans prévenir, Cheryl vint m’attaquer. Le tunnel était étroit certes, mais la belle en profite pour déposer ses lèvres sur les miens. Action qui me surprit, et pourtant qui ne me déplaisait pas. Était-elle si malheureuse en ménage ou bien vouait-elle un culte au libertinage ? Quoi qu’il en soit, ses lèvres avaient quelques choses de si ensorcelant, que j’aurais manqué de lui reprocher de mettre si fin à cette étreinte si douce. Néanmoins, elle ne se retrouva pas épargner de mon sarcasme légendaire ayant contribuer à ma réputation.

"Etes-vous si malheureuse en ménage pour vous rabattra sur un plus beau choix ?"

La mission pour le moment, passait complétement à côté. Rien n’était plus important à présent, que ce baiser voler et des possibles conséquences que cela pouvait avoir. Moi ? Voler le cœur d’une femme mariée ? Si elle était si heureuse, elle n’embrasserait pas le premier venu lui passant sous la main. De toute manière, le mariage par amour n’existait pas vraiment, tout était de part raison. Et qu’on ne me chantait pas des « J’aime mon mari etc. » Car sinon elle ne se serait pas jetée ainsi sur moi et ce Ben ne se serait pas montrer aussi jaloux qu’un chien pour un os.

En même temps, je pouvais la comprendre. J’étais un gueux, issu de la terre d’une famille banale. Mais je savais que ma persévérance et mes aventures, ont forgé en moi un caractère et une sorte d’aura qui plaisait à pas mal de monde. Et donc, me permettant quelques vantardises, je pouvais dire que j’étais un gentilhomme avantageux.

"Pas que cela m’a déplu, vous êtes une vraie fée de la nature. Et d’ailleurs, je comprends votre fait, mais ne redoutez-vous pas, la colère de votre époux ?"

Un peu plus tard, nous repartîmes pour notre mission. Il fallait bien reprendre le fil de notre objectif et bientôt, nous arrivâmes à destination. Malheureusement, je n’arrivais pas à oublier ce que m’avait dit Cheryl, et encore moins ce qu’elle avait fait. Son baiser m’avait hanté pendant longtemps, et telle une enchanteresse, je sentais mon corps devenir dépendant de son odeur et de son goût. Pourrais-je libéré la belle de son odieux mari comme dans les contes ?

Nous prévoyions d’arriver en toute discrétion, mais finalement, à peine arrivé au bout que déjà un comité d’accueil pointa le bout de son nez. Juste deux orcs qui passaient par là et nous repèrent rapidement. Aussi rapide qu’un cerf, je décochais droit devant nous, mes premières flèches qui se plantèrent dans les articulations de nos premiers assaillants, libérant la voie.

Ce qui suivit avait de quoi surprendre. Moi qui pensais que nous entrerions directement dans un grand combat qui devait mettre fin au conflit, nous dûmes faire face non seulement à une horde d’orc sanguinaire, mais aussi à des sorciers courroucés et leur maître qui ne retenait pas l’envie de dévoiler par orgueil ses plans. Couvrant Cheryl, motivé à protéger son corps de nymphe, je décochais à al suite des traits de morts sur tout impudent osant de trop près s’approcher. Vue leur arsenal et leur résistance, j’eus peur de nous voir très vite submerger.

Fort heureusement, il n’en était loin. Ma dextérité restant à son paroxysme, j’enchainais mes tirs, faisant pleuvoir la souffrance et la mort sur nos ennemis. Et chaque coup que je portais, la rage fit de plus en plus bouillir mon sang, me donnant goût plus que jamais au meurtre. Toutefois, l’effet de l’adrénaline avait ses limites tout comme mon carquois et je signalais à mon alliée :

"Il faut se dépêcher ! Je ne vais pas pouvoir tenir aussi longtemps !"

Les corps recouvraient peu à peu le sol autour de nous, formant quelques petits tas ici et là. Et en même temps, écoutant l’échange entre l’elfe et le sorcier noir, mon propre ego se retrouva mortellement blesser. Moi qui croyais que mon charme avait fait chavirer le cœur de la belle, voilà que c’était juste un coup du sort. Jeu de mot voulu. J’avais une envie de protester et défendre stupidement mon image d’homme séducteur. Mais il eut plus urgent. Manquant de peu de me faire assommer, je roulais au sol pour tirer une nouvelle flèche sous la mâchoire de la bête, ce qui la tua assez rapidement.

Mais il y avait encore plus urgent ! La guerre… Chaque instant réclamait toute notre intention. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, mais j’aperçu Cheryl se faire recouvrir peu à peu d’un nuage ou quelque chose du genre magique. Et la voyant au sol, je compris que ce n’était pas bon. Le sorcier noir fut vaincu, prions que cela nous donna un certain temps de répits. Alors, sans perdre une seconde, je me dépêchais d’aller l’arracher à ce funeste sort enchanteur, la tirant avec moi, roulant parterre, l’un contre l’autre, retrouvant une fois de plus, le plaisir du contact chaud de nos deux êtres et la proximité de nos visages. Mais aucun baisé accordé.

"Bien joué, mais nous devons nous sauver d’ici."

Me redressant, j’aidais l’elfe à en faire autant et nous dépêcher pour prendre le plus de distance avec cet endroit. Mais, sans pourtant partir à mille lieux, je jetais un dernier regard vers le camp de nos ennemis et osa poser cette question qui brûlait aussi bien mes lèvres que mon esprit.

"C’est fini ? Nous avons gagné ?"

Etait-ce bel et bien la fin de tout ceci ? Le grand sorcier noir était visiblement mort, son influence sur les orcs maudits devait prendre fin également non ? Je l’espérais car nous aurions bien besoin tous de repos. Surtout Cheryl qui me paraissait si peu en forme. Mais ne me sentant pas en mesure de la trainer jusqu’au camp, je la mis à l’abris sous un arbre où j’allais lui chercher un peu d’eau à côté, afin de redonner quelques force et la ramener à notre propre camp.