Errant… Abandonner à la rudesse de la nature, devant faire front contre la pluie, le vent et le brouillard. Une âme en peine qui avait troqué son habille de voleur pour celle du voyageur, le long manteau qui recouvrait de la tête au pied, ne faisant face au vent capricieux. Voila des jours que j’eus fuis la guerre des orcs. Oubliant les festivités de la victoire, je ne pensais plus qu’à moi. Moi le sale égoïste qui se vit priver de toute joie, maudit sans raison et condamné à un pèlerinage pour comprendre et peut-être me sauver. Allez savoir, il s’agissait peut-être d’un aller simple pour la mort. Je n’eus même pas pris le temps de dire au revoir à qui que ce soit. Il fallait que je parte, que je fuis non mais ceux que j’aimais, mais ce que j’étais. En une seule nuit, j’eus fait bien plus de mal que toute une armée en un mois. Honteux alors de ce que je fus devenu, je cherchais au seul endroit au monde, qui pouvait m’apporter une réponse et en même temps, que j’aurais visiter en dernier.

Aucun plan, aucun larcin, juste ma pauvre carcasse que je trainais sur ces terres sauvages que j’eus prié de ne jamais revoir. Mon bâton fut mon seul unique soutient dans cette épreuve. Il m’aidait à me tenir et avancer vers mon destin, quel qu’il soit. Et pourtant, à chaque pas que je fis, je ne pus m’empêcher de penser à chacun d’entre eux. A ceux de mon ancienne bande, mais à ma nouvelle famille. Cheryl, la princesse elfique des plus farouche, Ben, son compagnon au sang chaud, Orélia, la plus ravissante et douce belle-sœur, sa fille aussi mignonne et belle qu’une étoile. Et Mike… Mike mon frère que j’aimais tant. L’insupportable pour qui j’aurais donné ma vie. Et ce pendant, je manquais il y a peu à la lui ôter.

Ce n’était plus moi, mais cette bête sanguinaire qui prit goût au meurtre. Et pour des raisons si futiles, elle voulait tuer mon frère, mon meilleur ami. Sans hésiter, elle lui aurait arracher la gorge et dévorer son cœur. Mais mon amour pour lui et notre famille, m’empêcha de commettre l’irréparable. Et me rendant compte de la chose, je voulu fuir pour ne pas tenter le mal à recommencer. Que tous puissent pardonner le misérable voleur sans valeurs que j’étais.

Ainsi, je marchais. Continuant tout droit, ignorant les obstacles et la fatigue, je suivais ce chemin droit devant moi. Cette route ne m’avait jamais quitté de la tête. Traumatisé, je me souvenais encore du parcours, je savais où le trouver et comme guider par un lien magique, je suivais cette piste sans me poser plus de question.

Lorsque tout à coup, mes sens me mirent en alerte. Quelque chose approchait derrière moi et à vive allure. Sur ces terres, n’importe quoi pouvait vouloir vous tuer. Alors, sur mes gardes, je me dépêchais de me cacher derrière le premier arbre trouver, attendant de voir qui venait. Le cœur battant, la peur et la colère montant en moi, je restais donc tapi dans ma cachette à attendre, lorsqu’enfin, il arriva. Une ombre de taille humaine passa à mon niveau. Et ne voulant laisser en liberté cette potentielle menace je bondissais sur lui, les crocs sortis.

Le plaquant au sol, je comptais bien lui donner une leçon, lorsque je reconnu ses traits qui me surprirent.

"Mike ?! Mais… Qu’est-ce que tu fais là ?"

Confus, je le libérais et l’aidais même à se relever. Mon ton changea, passant de la surprise à la colère. Je rouspétais mon jeune frère.

"Ne me dis pas que tu m’as suivis ! Tu es fou qu’est-ce qui t’es passer par la tête ?"

Mon cœur était partagé entre la joie de le revoir, et l’inquiétude de le savoir potentiellement en danger. Et comme si c’était inné, mon rôle de grand frère prit le dessus. Si j’eus pris mes distances, c’était pour les protégés, pas qu’ils viennent se jeter dans la gueule du loup.

Codage par Libella sur Graphiorum

Je restais néanmoins stupéfait un minimum, de revoir Mike ici présent devant moi. Ce dernier se jeta à mon cou, m’expliquant tout. Il aurait pu avoir peur de moi tout court, et avoir raison de prendre la fuite, m’oublier serait le mieux. Là, il se jetait bel et bien dans la gueule du loup. N'était-il pas quelqu’un de raisonner ? Non, il m’avait suivi bêtement, stupidement même ! Qu’espérais-t ’il dans tout cela ? Qu’il finissait dévorer, mise en pièce par moi ? Je n’eus qu’une envie, ce fut de le gronder violemment, et d’ailleurs, je ne me privais pas de le réprimandais malgré toute son affection. Laissant éclater la colère, mes poings vinrent le frapper. Pas violemment non, juste quelques coups bien sentit au niveau des épaules et des bras tout en lui criant :

"Sérieusement tu es stupide Mike ! Vraiment stupide ! Ce n’est pas un jeu tu cours un vrai danger espèce de crétin !"

Et pendant que je lui donnais des coups, des larmes commençaient à perler le long des joues, brûlant ma peau lentement, me faisant bien sentir la détresse qui m’agitait. Et, toutes mes émotions bouillonnant en moi, me faisant perdre tous repèrent, j’attrapais au final Mike pour le prendre à mon tour dans mes bras. Je le serrais si fort, réclament sa présence contre moi, ne voulant jamais le quitter. Notre enfance fut séparée, et il me faudrait cent ans pour récupérer le temps perdu. Sans doute l’écrasais-je trop contre moi, menaçant de lui briser les os, mais je m’en moquais comme de mes premiers bas. Il était hors de questions que je le lâche.

"Moi aussi grand frère je t’aime."

Quelques baiser affectueux lui furent offert au niveau du cou. Mike, il était parfois insupportable, tête en l’air, impulsif, jaloux, idiot, enfantin etc. Mais c’était mon frère, quelqu’un de fidèle qui ne m’avait pas au final abandonner, risquant sa vie pour moi. Regardez, il m’avait suivi jusqu’ici depuis le début, voulant me prêter main forte et j’étais plus que toucher de son attention vis-à-vis de ma personne. Toutefois, connaissant les risques toujours présents, je cherchais encore à le raisonner.

"Mais tu as vue de quoi je suis capable, cela n’a rien à voir avec tes transformation. C’est… C’est maléfique ce truc ! Et s’il t’arrivait quelque chose ? Si je venais à te faire du mal mon frère je… Jamais je ne me le pardonnerais, je me maudirais pour l’éternité. Crois moi, je n’ais aucune envie de te faire ça Mike."

Mike pouvait-il le comprendre ? Le libérant à mon tour, je le jaugeais du regard, un regard mouillé par tant d’émotions à la fois positif et négatif. Partager en deux, une part désirait que pour son bien, mon frère parte vivre en sécurité avec les siens. Mais une autre réclamait encore sa présence, une présence rassurante et agréable. Du soutien, j’en aurais bien besoin. Mais si cela devait couter la vie à l’être à qui je tenais le plus sur cette terre… Le prix serait trop élevé. Mais le garde forestier était têtu, même un ouragan ne le dévierait pas de sa route, et s’il fallait que je le persuade, je comprenais qu’il faudrait passer par la violence. Or, si une de mes griffes ou crocs venait à lui faire couler une seule goute de sang, alors ce que j’aurais tant voulu éviter se serait réaliser. Et donc, en conséquence, il fallait que je me fasse violence.

"Vraiment rien ne te fera changer d’avis alors ? Très bien dans ce cas, suis-moi. Mais tâche de faire ce que je te dis. Là, ça n’a rien à voir avec des orcs enragés. On devra se faufiler dans les secrets d’un mal que je pensais enterrer."

Il valait mieux peut-être ne pas trop lui en dire. De toute façon s’il m’accompagnait, à quoi bon le souler avec tant de détails. Mon visage était dur, mais au fond de moi, la joie de l’avoir à nouveau à mes côtés était grande. Avec lui, je me sentais mieux, en sécurité et plus fort. Il représentait surtout pour moi, l’espoir. L’espoir que tout pouvait bien se finir, qu’on méritait chacun un peu de borneur dans notre vie. Même si en ce moment, nous allions explorer la partie la plus sombre de mon existence.

Ouvrant la marche, je guidais mon frère sur cette piste abandonné depuis des décennies en direction du lieu le plus effroyable à ma connaissance.

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Je ne savais pas trop ce qui me rendait le plus furieux. Le fait que Mike se montrait impulsif en me suivant ou bien qu’il ne disait plus rien ? Toujours chambouler, il était compliqué de lire les signes qui me diraient à quoi pensait mon frère et ce qu’il ressentait. Je ne vis qu’une statue droite devant, une sorte de mirage qui me scrutait d’un air accusateur. Rêve ou pas rêve, je profitais de la présence de ce dernier, si elle m’apporterait quoi que ce soit.

J’aurais aimé lui parler, que nous échangions quelque mot, des banalités, mais la chose se révéla dure. Toujours tourmenter par mon mal, j’éprouvais une certaine honte de plus, ce serait inapproprié non ? Les orcs m’avaient traité de monstre, sans doute à raison. Et si le mot circulait ? Si dans mon milieu, on venait à apprendre mon secret en plus d’être un métamorphe, j’étais une chose sans nom, né des ténèbres. Une chose maléfique. On m’eut expliqué qu’un de mon espèce, pouvait fusionner avec le feu, le vent, l’’eau et la terre. Si on encore, j’étais devenu un loup d’un de ces éléments, j’en serais heureux. Mais ça… Devenir une nuit mortelle, une nuit assoiffée de sang, une bête de vos cauchemars. L’ombre qui dévorait tout ce qu’elle touchait et même si vous vous cachiez sous vos draps, elle vous emportera.

Rapidement, le voyage devint plus animé. Des individus menaçant nous barrèrent la route. N’étant vraiment pas dans mon assiette, je les sommais de s’écarter et de disparaitre. Conseil hélas ignorer. Cela alla aux provocations, menaces et bousculades. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, mais j’eus un mal fou à maintenir ma rage. Sans doute une parole de trop, un geste déplacer que sais-je. En tout cas je finissais par le bondir dessus. Me faisant violence pour contenu la bête en moi, j’étais devenu un hybride. Forme humaine, mais ayant crocs, griffes et yeux sauvages. Avec la rapidité de Zéphire, je frappais un à un des maraudeurs, coupant leur respiration, esquivant leur coup trop lent, brisant quelques membres avant de m’acharner sur le dernier encore debout.

A terre, il ne pouvait même pas se protéger de la fureur de mes poings et griffes, qui à chaque coup, déformaient son visage. Mes mains finirent par se recouvrir peu à peu d’un rouge liquide. L’être finissait par ne plus bouger, devenant une poupée de chiffon entre mes mains, mais il fallut attendre encore quelques minutes avant que je finisse par me retenir de continuer.

La rage bouillonnait encore en moi, devant sortir. Mais tout était paradoxe en moi. Il fallait que je repende la destruction, mais en même je devais me contenir. Surtout que je le sentais revenir. La chose de la nuit était à ça de surgir et j’usais de toute la force de ma volonté pour lui interdire de sortir de son maudit chenil. Puis, retrouvant un semblant de calme, j’adressais ces mots menaçant à mon compagnon de voyage.

"Tu voie de quoi je veux parler… Et tu veux toujours m’accompagner… Mike !"

Ma colère était comme une bête ayant la rage. Perdu, elle cherchait une victime sur qui reporter tout son fardeau. N’importe qui pouvant lui servir de casse-dalle afin de se soulager. Et visiblement, elle trouva sa victime. Pour quelle raison ? Il était facile d’en trouver. Mike pouvait exprimer toute la bonne volonté pour vouloir me sauver, la folie me dictait autre chose, modifiant mon esprit comme un livre qu’on raturait pour réécrire par-dessus, afin de devenir incompréhensible. La raison nouvelle étant, pourquoi m’avait-il laisser faire ? Pourquoi Mike, connaissant ma véritable nature, m’a-t-il laissé me baigner dans la violence et le meurtre ? Au lieu de me protéger, il me laissait sombrer, devenant un spectateur malsain, regardant des gladiateurs s’étriper. Un dernier regard mauvais avant de déclarer :

"Allez viens. Je n’ai pas envie de trainer ici."

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Etait-il devenu fou finalement ? Son ton moqueur ; ce sourire mesquin… Tout chez lui m’exaspérait. J’en venais à serrer si fort mes poings, que je pouvais sentir mes ongles transperçaient ma peau et un léger liquide tiède s’y couler. Ses mots n’étaient que moquerie, ils se mélangeaient dans ma tête, m’encourageant à lui bondir dessus et lui arracher la gorge. Oh oui, je pouvais lui régler son compte, lui effacer cette saleté de sourire de son visage, le renvoyer auprès de sa famille en morceau, avec juste assez de force pour pleurer… Mais je me retenais. Préférant écouter et reprendre la route, l’oubliant pour le moment.

Était-il possible alors, que je vienne à haïr Mike ? Celui que je chérissais si tendrement il y a quelques heures encore ? Oh oui je lui en voulais. Que je le détestais même. Lui et sa maudite jalousie, lui qui m’avait attiré bien plus d’ennui en une journée, que seul pendant un an. Combien de fois j’eus risqué ma vie pour lui, manquer d’y passer, supporter ses frasques ?! Et qu’en avais-je retiré ? De l’humiliation et du rejet ! Combien de fois encore, je l’aurais tiré d’un mauvais pas, que de suite après, il viendrait me reprocher les pires choses. Tiens, encore heureux qu’il m’est accuser d’avoir une liaison aussi avec sa femme, cela aurait été le pompon.

Tout ce ressentiment qui me remontait fit bouillir mes tripes. Mon sang devenant anormalement chaud, que je pouvais sentir sous ma peau, le crane qui devenait lancinant et mes muscles qui se crispaient. Je n’en pouvais plus, je ne supportais plus rien. Alors, quand Mike eut l’impudence de revenir me parler, osant me parler d’une pseudo aide de ses amis de la forêt, et m’accordant un droit qui ne me déplaisait pas, alors je me retournais face à lui, les dents serrer. Avec mes mains, j’attrapais son col pour le soulever au-dessus du mal, lui lançant un des regards les plus meurtrier que je pouvais réaliser avant de lui aboyer dessus :

"Si tu y tiens ! Tu crois quoi ? Que tout cela est un jeu Mike ? Que je suis là pour te distraire ?! Non ! Non, ne compte pas sur moi pour voir du spectacle, sinon t’en feras partie compris ? T’as même pas idée de ce qui se joue ici alors fais pas ton malin compris ?!"

Sans doute que l’amour fraternel, m’empêchait de lui en coller une où il ne se relèverait pas. Malgré toute ma colère, plus qu’exagérer oui, je ne pouvais pas lui faire du mal. Je ne voulais sans doute pas au fond de moi. Après tout, le louveteau orphelin était paumé, il redécouvrait le monde et devait affronter des épreuves encore jamais rencontrer. Ce début de recul, ramena mon calme et je libérais mon frère de ma prise. Toutefois, je n’exprimais ni excuses ou malaise. Je préférais continuer mon chemin, laissant à mon jeune frère le choix de me suivre encore ou non.

La nuit n’allait pas tarder à tomber. Je pris soin de monter un camp avec les moyens du bord, montant une petite tente. Cependant, l’installation était avant tout pour mon frère. Prenant tout de même encore soin de Mike, je pris la résolution de dormir seul, m’éloigner de lui. Avais-je finalement honte ou redoutais-je son ressentiment ? Aucune idée, je voulais rester seul, nous protéger tous les deux de moi, conscient encore du danger que je représentais. Difficile à dire comment cette histoire se terminera. Si je suis guéri ou non, il fallait redouter que plus jamais les choses seront les mêmes. Y aurais-je perdu à jamais la famille que je venais de gagner ? Pourquoi fus-je ainsi maudit.

Pour le repas, il fallait puiser dans nos réserves. Une simple soupe fut servie. Un dîner parfait, pendant un repas pesant, où le silence régnait en maître, accompagnée de son épouse mal être. Qui osera briser le silence en premier, provoquant la révolte ? Personnellement, je ne me sentais pas la force, ni digne de le faire…

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Pendant un moment, Mike s’était absenter. J’eus remarqué son départ et très franchement, je ne m’inquiétais pas de son sort. En réalité, j’espérais qu’il eut craquer et m’est abandonné. Sans doute la meilleure chose à faire. Ainsi, je restais seul, seul à me maudire, à râler intérieurement contre la malédiction qui me frappait et sur personne à faire subir mon courroux. Mais la solitude n’était qu’une illusion comme pour beaucoup de chose. Car à chaque fois qu’on se croyait en paix et bien, l’univers vous rappelait à l’ordre, venant vous narguer avec un vilain tour.

Assis parterre à méditer, une grosse volaille vint me chercher quelques poux. Une harpie je crois, qui me tournait autour et dont de son cri perçant cherchait à me marquer de ses griffes. Ressemblant plus à un gros moustique pour moi, j’eus plus de faciliter à garder le contrôle. Devenant le simple loup gris bien connu, je mordillais les pattes et les ailles de la chose quand elle venait trop prêt. Une lutte un peu à l’usure, mais quand la harpie tenta un assaut avec plus d’audace, je bondissais sur elle, la mettant à terre et plantant mes crocs partout sur son abominable corps. La créature blessée, se traina au sol pour m’échapper et je la laissais faire, regardant avec dégout cette grosse dinde tentée de se renvoler. Reprenant forme humaine et me revêtissent vite, j’eus la surprise de retrouver Mike.

Il n’était pas parti, quel idiot. Il aurait mieux fait, mais voilà qu’il revenait en fait d’une partie de chasse avec deux misérables carcasse de lapin, me proposant ainsi un dîner.

"Je n’ai pas faim."

C’était vrai, je n’eus plus d’appétit. Une bonne viande savoureuse m’aurait fait saliver, mais là, que ce soit de la nourriture juteuse, ou une bonne boisson, plus rien ne me tentait. C’était comme si j’étais mort, n’ayant plus aucun attrait pour quoi que ce soit. Mes projets une fois cette histoire terminée ? Aucune idée. Une envie particulière ? Non plus. Juste trouver des réponses et après… Et bien sans doute que je m’attendais que ce que j’allais y découvrir ne me plairait pas. Alors, il faudra que j’y découvre un moyen d’en finir, une bonne fois pour toute et de quelque manière que ce soit.

Mike mangea seul et le reste de la soirée n’avait rien de festif. Mais au petit matin, je pressais mon compagnon de fortune de se lever. Coup de pied contre le sien pour se réveiller, les affaires vite fait emballer et nous étions partie.

Combien de temps cela avait-il duré ? Aucune idée. Nous pouvions avoir marcher des jours, des semaines, des années, le temps ici ne semblait suivre les mêmes règles qu’ailleurs. En tout cas, l’horloge de ce voyage n’allait pas tarder à sonner la fin, lorsqu’au loin, on pouvait voir une silhouette noire sans forme se dessinait au loin. Au milieu de ces terres mortes, abandonné et en rien accueillante, un ancien de terre que j’eus prié de toute mon âme de ne jamais revoir de ma vie, restait là, mort et oublier, attendant le retour des âmes qu’elle avait tourmentée du temps jadis.

"Nous y sommes presque. Le voilà."

Ce maudit château n’avait pas disparue. Ma famille de sang, mes origines, tout avait été balayer d’un simple revers de la main. Mais ça ! Cette chose responsable de mon tourment était toujours debout. Sans doute en piètre état, mais ses tours étaient toujours là, dressés et nous narguant que jamais rien, ne viendra mettre un terme à leur malice. C’était comme si la forteresse avait des yeux, des yeux jaunes, démoniaque, qui me scrutaient depuis l’autre bout du monde et dont ils attendaient de voir mon retour. Un frisson me parcourue donc des pieds à la tête, dégoutais à l’idée d’y remettre les pieds à l’intérieur, me souvenant de tous les sévices que j’eus subis. Mais je n’avais pas trop le choix.

"Encore une demi-journée de marché et nous y serons. Tu es content ? On y est arrivé sans encombre c’est bon. Si tu veux partir, c’est le bon moment Mike."

Même si j’ignorais ce qui se cachait encore dans les entrailles du château, au fond de moi, et l’exprimant de manière certes trop abrupte, je ne voulais pas que mon frère soit confronté à ce qui y vivait. Juste la mort nous attendait, je pouvais le sentir. Après oui, je ressentais toujours de la colère vis-à-vis de mon cadet, mais tout de même, je ne pouvais l’exposer au danger, il y arrivait très bien tout seul ce nigaud.

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Mon frère prit enfin la parole à travers une belle et longue tirade. J’étais satisfais de le voir enfin réagir, et ne plus être qu’une ombre qui me traquait pour m’épier. Que voulais-je de lui ? Une fois de plus, je l’ignorais. Sans doute le voir en colère, pleurer, souffrir, dire quelque chose dans ce sens… Y aurait-il fallu que je lui brise le bras pour en arriver là ? Mes sentiments pour Mike étaient toujours aussi flous, partager entre l’amour qui se faisait timide, et la rancune. Si on devait en faire une analyse mentale, je serais tenté de dire que j’eus depuis un moment tout refouler en moi. Sa jalousie, sa mauvaise humeur, je dus tout supporter sans arrêt, voulant prendre avec philosophie. Et là, quelque chose en moi venait d’éclater. Alors je lui répondais sur un ton glaçant, mais avec le petit sourire malsain qui allait avec :

"Oui, je sais parfaitement comment c’était." Et il n’avait pas idée.

Il voulait continuer à me suivre, très bien. Il en subira les conséquences. Marchand jusqu’au château, ce fut sans surprise de ne découvrir qu’un tas de ruine. Plus de vingt ans déjà c’était écouler depuis que j’y avais vécu captif et voilà qu’il n’en restait plus qu’un tas de pierre.

La herse était tomber, facilitent sans doute l’entrée, mais les murs formant l’enceinte de la cour furent éventrés comme si des géants avaient réalisés des coups de pieds dessus. Une cour incroyablement vide. Jadis on y trouvait beaucoup de serviteurs et d’esclaves, fourmillant dans chaque recoins, poussant brouettes et bêtes pour leur infâme maître. Là, plus rien, tout fut piller par le temps et l’homme. On reconnaissait à peine l’endroit.

Gravissant quelques marches, la grande porte en bois fut dans un piteuse état. Plusieurs gonds avaient disparu, laissant les lourds battants à moitié suspendu, menaçant de s’écraser sur nous. D’une main prudente et délicate, je touchais la texture de la porte, un geste magique qui me fit raviver de biens lourds souvenirs. Fermer la nuit, ouvertes le jours, ces portes représentaient celles des enfers où vivait un dieu maléfique. Quand je fus enfant, être à la cour m’était bien plus rassurant qu’à l’intérieur. Mais, en tant qu’esclave on n’avait pas le choix d’où on devait être.

"Et dire que je m’étais jurer de ne plus franchir ces portes..." Plus difficile à respecter en pareil circonstance.

Ne voulant prendre de risque, je me baissais pour passer entre les battant branlant comme un rat. Et à peine un pied à l’intérieur, nous fûmes accueillis par une volée d’oiseaux, venant presque nous agresser avant de s’en voler vers le toit à moitié disparue, dévoilant à travers un rideau de plume, une salle qui n’aurait pourtant point paru plus sinistres qu’à l’époque. Comment vous décrire, c’était en ruine voilà tout. La partie du toit manquant reposait sur l’ancien carrelage. Des plantes recouvraient aussi bien une partie des murs que les escaliers, des escaliers dont certains étaient tout autant partie en morceau. Certes, vingt n’aurait suffit à expliquer de tels dégàts, mais il n’eut pas que lui qui fut responsable de la chute du sorcier et de sa demeure.

Avançant doucement, je caressais à nouveau la structure. La pierre froide et humide de la rambarde du premier escalier, me remplissait d’une lourde tristesse dont j’eus grande peine à retenir mes larmes. Cette fois-ci, j’entendais les cris de tous ces gens, de toutes les victimes du sorcier. Continuant d’avancer, c’était comme voyager dans le temps, entendre ou réentendre chaque conversation, chaque moment de torture dont j’étais témoins, revivre ces jours où l’espoir m’abandonnait à mon triste sort…

"Certains rêvaient d’une vie de château, croyant qu’on serait les rois du monde. Mais moi, ce fut bien le contraire. Ces murs n’ont rien d’un rêve…"

Chose bien curieuse, car oui, je venais de m’adresser à Mike. Mais au lieu d’éprouver encore de la colère me poussant à de la haine à son encontre, j’eus ressenti tout de même, un peu de complicité entre nous.

"Tu voulais venir, tu voulais savoir… Et bien nous y sommes Mike."

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Et là, Mike vient de me prendre à nouveau dans ses bras. Toucher par ce qu’il venait de comprendre, il s’alla aux larmes, me serrant aussi fort qu’il le pouvait. Et moi… Et bien je ne fis rien, le laissant faire, restant aussi impassible qu’une statue de marbre. Pourtant, ce geste affectueux de mon frère ne me laissa point indifférent. Je restais encore furieux contre lui, malgré cela quelque chose me fit du bien de sentir celui qui partageait le même sang, se coller à moi. Ne lui avais-je pas dis que j’eus connu une période bien sombre dans mon existence ? Ce fut à croire qu’il le redécouvre, mais que vouliez-vous, c’était Mike.

Le garde forestier fit la requête que je lui racontais tout. Sujet bien difficile, où malgré la puissance des images dans ma tête, il était difficile d’en sortir des mots pour les décrire. Pourtant, j’étais partager entre ma colère qui bloquait toute confiance envers mon frère, mais le désire de lui confesser mes malheurs. J’eus besoin sans doute de l’exprimer et peinais à ouvrir la bouche. Mais quand je ressentais un élan de force pour prononcer un premier mot, une voix féminie raisonna jusqu’à nous.

"Comme c'est attendrissant… Je n'eus rien vue d'aussi touchant depuis des années. Plutôt beau dans un monde si sombre."

Repoussant Mike, mais doucement, je me retournais pour apercevoir cette inconnue. De l’obscurité des ruines, sortant des ténèbres, une apparition à la fois effrayante et attirante se dévoila. Une femme grande, vêtu d’une longue robe rouge fendue sans manche avec un décolleté approcha. Elle avait les cheveux aussi noirs que la nuit, un teint un peu pal, des yeux ressemblant à un orage et des lèvres parfaitement dessiné. Mais loin de succomber au charme de cette femme, je grognais sur elle :

"Qui êtes-vous ?!"

La femme sourit, et ouvrant bien grand les bras comme si nous étions sur une scène de théâtre, garda un calme à glacer le sang.

"La réponse à beaucoup de tes questions Argan. Nous avons beaucoup de chose à nous dire. Mais tu peux m’appeler « Rhéa » mon garçon."

Puis, comme si elle se souvenait de la présence de mon frère, elle lui accorda son intention. Toutefois, on pouvait remarquer que son expression avait quelque peu changer. Son visage doux, devenait plus dur, comme si Mike lui exprimait une sorte de dégout, de la rancœur. Malgré cela, elle lui parla avec un sang-froid incroyable.

"Vous êtes Mike Richard je présume. Le fameux frère batard d’Argan. Oh ne vous m’éprenez pas sur moi. Vous nous avez causez bien du tort quelque fois, mais je vous suis reconnaissante de m’avoir ramener mon fils."

Cette annonce eut l’effet d’un coup de tonnerre. Mon cœur semblait s’être arrêter de battre à ces derniers mots. Son fils ?! Comment ? Non, cela ne se pouvait pas, mes deux parents étaient morts. Ma mère et mon père, tuaient par la folie d’un sorcier ! Mais… En étais-je vraiment sûr ? Cela remontait il y avait si longtemps… Et si, et si ma mémoire était belle et bien détraqué ? Depuis le temps, le souvenir du visage de mes parents se changeaient, de même que nos moments heureux, devenant plus du fantasme que de la réalité. A croire que je devenais fou à la fin… Ma tête allait explosée !

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Fidèle à lui-même, Mike s’emporta, criant sur cette étrange femme qui se prétendait être à mère. Se rendait-il compte de ce qu’il venait de dire ? Si ce qu’elle disait était vrai, alors je venais de retrouver le dernier de mes parents encore en vie, et lui… Lui risquait de tout gâcher cet idiot ! J’eus l’envie de le frapper pour le faire taire sur sa bêtise, mais je me retenais. Fort heureusement, l’inconnue ne semblait pas froissée par les propos du garde forestier, même en ria. Était-ce bon signe ?

"Ce que vous avez construit ? Haha ! Mais Mike, au contraire tu as tout détruit. Regarde celui que tu oses appeler frère. Tu as non seulement brisé son avenir, mais en a fait un souffre-douleur. Oui, je suis au courant de tout sur vous. Toute la sécurité que j’avais apporté à Argan, tu as tout anéantis non seulement par ta jalousie bien célèbre, mais aussi en lui faisant quitter son monde bien douillé."

J’aurais peut-être dû prendre la défense de Richard, apprendre à cette inconnue qu’il n’était de bon ton de s’en prendre à mon frère… Mais ses dires ravivaient de bien violents souvenirs, me remémorant comme à la veille, tous les préjudices subis à cause de mon frère. De plus, toute cette avalanche d’émotion m’encourageait à ne penser qu’à ma pomme, cherchant des réponses et non cajoler mon cadet. Je restais donc sur ce qui me paraissait le plus important pour moi :

"Est-ce que… Tu es vraiment ma mère ? Celle que… Que je croyais morte ?"

La femme fit une bien étrange moue. Une grimace qui non seulement me mit encore plus dans le doute, mais me fis redouter la réponse.

"Pas exactement mon chéri. Tu n’es pas sortie de mes entrailles. Mais c’est grâce à moi que tu fus conçu. Je sens que tu as bien trop de question en tête. Allez, suis-moi, je vais tout t’expliquer. Et tu peux venir avec ton « ami » si tu le désires."

Elle marcha délicatement vers le fond des ruines. Jetant un rapide sombre à Mike, je me mis à la suivre. Ce fut une histoire incroyable il fallait le dire, mais sentir arriver la grande révélation me rendait si nerveux que j’eus des fourmillements dans tout le cops, comme si des éclairs me tombaient sans arrêt sur moi.

Zigzaguant entre de veilles pierres écroulées, franchissant des portes aux volets disparue, nous arrivâmes dans une des pièces témoins de mon malheur passé… La salle du trône. Elle semblait presque intacte, quelques toiles d’araignées, des marques de brûlures par ici et par-là, mais on aurait dit que ce lieu avait survécu à la désolation. La femme gravit quelques marches pour prendre place sur un trône finement ouvragé, nous faisant face et prenant les allures d’une reine. Le trône était en bois, mais ne semblait pas pourrie. Me souvenais qu’avant, il brillait comme s’il était couvert d’or et d’argent. Mais là, ses couleurs furent ternes, tirant sur le gris. La marque de la fin d’une époque, la mort d’une vie tragique. Cette idée me réconfortait, mais ne calma pas mon ardeur.

"J’ai oui, de nombreuses questions… Mais ne sais pas comment les poser, la quelle soumettre en premier…" Avouais-je.
"Le mieux serait de tout reprendre depuis le début. Tu seras sans doute rassuré sur certaines choses, mais d’autres jetterons sans doute l’effroi. Je ferais ce que je peux pour amortir la chute, mais ce sera tout de même rude. Mais pour aider à introduire, racontes nous ce dont tu te souviens de ton enfance."

Sans doute la chose que je détestais le plus. Depuis des années, je gardais secret mon passer, comme si je cherchais à étouffer dans une malle, un monstre à la vue de tous. Rare furent ceux ayant eut connaissance de mes secrets. Mike en comptait, et cette femme sans doute. Ceci me mit donc en confiance pour renouveler l’expérience. Et s’il le fallait pour tout comprendre, alors qu’il en soit ainsi.

"A vrai dire, je n’ai que peu de souvenirs. Jadis, il me semble que je vivais dans une forêt avec toute une communauté de métamorphe. Je me souviens des sourires heureux de mon père, de ma mère… De chants joyeux, une vie si… Belle." Une larme perla le long de ma joue. La sensation procurer était douloureuse, une goutte d’acide qui brûlait ma peau et détruisait toute mes défenses intérieures. Toutefois, je poursuivais. "Puis ils sont arrivé ! Ces hommes… Ils ont tué tout le monde, mes parents ! Mais moi, ils m’ont emmené chez leur maître, celui qui avait ce château ! Je suis devenu esclave ! J’étais frapper, violenter, humilier pendant je ne sais combien de temps ! J’ai prié pour mourir, disparaitre, vivant à l’infinie les mêmes supplices. Puis un jour, une révolte avait éclaté. Le sorcier fut tuer et j’ai profité de l’occasion pour m’enfuie, vivre comme un sauvage dans les bois pendant des années…" Les forces me manquant, je préférais m’arrêter là.

Codage par Libella sur Graphiorum

"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Racontez tout cela à nouveau, restait une épreuve. J’épargnais les détails, mais ils restaient bien gravés dans ma mémoire, me rappelant chaque souffrance vécue. D’ordinaire, j’évitais de le faire, gardant mon passé pour moi, mais c’était le prix à payer pour connaître la vérité et quel secret cachait Rhéa. Retenant mes larmes, je regardais le visage de cette dernière. J’aurais cru déceler une expression de joie, ou de mépris, quelque chose dans le genre, mais on aurait plutôt vue de la compassion, qu’elle était affligée par tout ce que je venais de dire. Elle m’avait fait comprendre qu’elle n’était pas ma mère de sang, mais jouait parfaitement le rôle et comme frapper d’un puissant charme, j’éprouvais déjà un début de compassion pour elle.

"Ce que tu as vécu est tout bonnement horrible, même injuste. Je suis désolé Argan." Disait-elle en joignant les mains, mais baissant la tête comme si la honte lui revenait. "Ce que je vais te dire ne sera pas plus facile, mais important pour comprendre le pourquoi du comment mon enfant."
"Vas-y parle ! J’ai besoin de savoir, je suis prêt à tout !" Si seulement j’avais sue.
"Mon maris et moi, avions un projet. Un projet humanitaire. Les gens de ce monde sont faibles, est corrompus aux pires vices qu’on puisse connaitre. Alors… Nous voulions créer des races supérieures, plus puissantes et douer d’un sens commun d’équiter. Parmi elles, nous nous sommes intéressés aux métamorphes. Une sélection et un croisement entre population pour obtenir les meilleurs individus. C’est alors que nous sommes arrivés à la rencontre de ton père Conrad. Nous lui avons soumis l’idée, et promis qu’il serait le père d’une noble lignée puissante et sage et à la fin, vivrait comme un prince. Il accepta le marché, ainsi que de s’unir à la femelle que nous lui auront choisi, à savoir Anabelle, ta mère."

En effet, ce fut un choc d’apprendre tout cela. J’aurais pus crier que ce n’était que bêtise ! Mais au fond de moi, je voulais y croire, car je n’avais rien d’autre sous la patte.

"Tu es venue au monde par deux métamorphes très puissants. Nous avions placer de grands espoirs en toi Argan… Mais les choses ont fini rapidement par nous échapper. Conrad, unis par raison, se laissa dériver par une idiotie d’amourette, et donna une partie de son sang à ce bâtard qui se tiens là. Ceci eut plus d’impact qu’on pourrait le croire. Car le don de Mike semblait altérer le tiens. Mon mari furieux, envoyé une troupe pour donner une leçon à Conrad. Il voulait repartir de zéro, et enchainer notre « complice ». Mais ces idiots se sont trompés, tuer le père, mais fort heureusement, ils t’ont épargné. Craignant ma colère, il s’était caché là, et… Je suis désolé, mais il t’a torturé dans l’espoir te voir devenir ce qu’il souhaitait, le fameux puissant métamorphe. J’ai fait tout mon possible pour te retrouver, et quand ce fut le cas, j’ai envoyé mes gens et permis une révolte au sein de ce château, mettant un terme à l’existence de mon traitre d’époux. Mais tu t’étais échappé, vivant comme un enfant sauvage. Je fis de mon mieux pour te retrouver à nouveau. Mais suivant ta propre existence, je pensais qu’il serait plus sage de t’aider dans l’ombre. Comme ce brave Tanguy que je mis sur ta route, et autres personnes de bonne aventure."

Cela faisait énormément à encaisser. Je manquais même de m’écrouler, mais je venais à me poser sur une pierre au sol, me servant comme siège. C’était à peine croyable. On pouvait dire qu’elle était folle, mais son histoire, en y réfléchissant tenait la route. J’arrivais à rassembler suffisamment de force pour lui poser une question d’une voix quelque peu fébrile :

"Et… Et ce que je vis… Cette chose noire en moi… Est-ce que…"
"J’allais y venir. Il s’agit de la perfection, le résultat plus qu’espérait que nous attendions et qui dormait en toi. Non tu n’es pas un loup de feu, de terre ou d’eau, tu es plus que cela. Tu es plus puissant, tes dons te permettent de surpasser n’importe quelle attaque, tu frôle l’invincibilité mon enfant. Tu es le mélange parfait."
"La perfection ?! Mais je suis un monstre ! J’ai tué sans gêne tous ces êtres ! Je suis un monstre ! "
"Non mon enfant, ceci n’est pas ta faute. Déjà, tu aurais dû être élevé par tes deux parents sous notre surveillance. Mais aussi, n’oublie pas que j’eus dis que quelque chose perturbait tes facultés."

Elle jeta un regard lourd et noir derrière moi. Tournant le miens, je vis qu’elle s’adressait à Mike, alors tout devenait limpide. Si elle en voulait à Mike, c’était uniquement parce qu’il était venu au monde. Sans oublier les autres maux dont elle l’accusait, et sa sentence ne tarda pas à tomber.

"Ce ne sera pas facile à entendre mais… Mike est responsable de tout cela Argan. Il a perturbé et mit à mal, tout ce que tu devais devenir mon enfant. "
"Mais… Mais qu’est-ce que je dois faire ?! Je ne comprends pas !"
"Il va falloir que tu l’élimine."
"Quoi ?! C’est mon frère ! Comment oses-tu ?! Il peut être casse pied, mais jamais je…"
"Argan ! Tes pouvoirs sont dus à tes émotions. Tout et son contraire est en toi. Mais Mike t’a poussé dans la mauvaise voix. Oui tu as trouvé un frère, mais cela s’arrête là. Combien de fois t’a-t-il poussé à bout par sa jalousie encore et encore ? Te faire des reproches, te rejetait quand il était de mauvaise humeur ? Et quel est le résultat ? Tu es venu à ma rencontre pour te sauver de son influence néfaste."

J’étais plus que perdue. Pouvais-je seulement protester ? Etant incapable de réfléchir convenablement, ses mots entrèrent en moi, pour s’agripper à mon âme telles des sangsues. Non, je ne pouvais pas faire ça, je ne pouvais pas faire du mal à Mike. Mais lui, il ne s’en privait pas non ? C’était vrai qu’au fond… Lors de l’attaque des orcs, il m’avait chassé quand je voulais sauver Cheryl, m’a accusé de je ne savais plus trop quoi, manquer de me faire tuer à cause de cela et… Et j’étais devenue ce monstre. Toute cette colère que je taisais au nom de l’amour que je lui portais, finissait par sortir.

Le regardant froidement, une aura de ténèbres m’enveloppa. A nouveau, j’éprouvais le désire de venir lui arracher la peau du visage, lui planter crocs et griffes dans son corps. Mais le pouvais-je vraiment ? Sacrifier la famille que je venais de trouver ? Les derniers mots de Rhéa finirent par avoir raison de moi.

"Tu ne seras plus seul Argan, je serais là pour t’aider, m’occupant de toi comme j’aurais du le faire. Avec tes frères et sœurs. Oui, d’autre enfants du projet existent, et vivent en paix et amour. Ils t’attendent. Tu dois juste pour cela, te débarrasser de ce faux frère… Mon cœur."

Codage par Libella sur Graphiorum

"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Les paroles de Rhéa entraient en moi si facilement. Je me doutais que je devais les combattre mais, aucune volonté, aucune force me fut accorder pour accomplir cette tâche. Comme un assoiffé, je me jetais sur le premier breuvage qu’on me tendait après des jours passer dans un désert sans rien à boire. Ainsi, mon regard défia Mike, n’exprimant que haine vis-à-vis de lui. Pourtant, je sentais une pointe de tendresse devant son propre regard suppliant, mais ses mots ravivaient aussitôt toute la colère que je pouvais éprouver envers lui, remémorant ses traits plus qu’exaspérant, m’ayant conduit plus d’une fois dans ma partie la plus sombre.

"Tes amis… Et moi alors je n'en suis pas un ? Tu as déjà critiqué tes amis comme tu la fais ? Mise en doute leur attachement ?!"

Je me doutais que non. En réalité, j’étais moi-même jaloux, jaloux du regard qu’il portait envers Cheryl, Ben et le reste. Jamais il ne m’avait accordé une telle intention. Quand je parlais avec un de ses proches, mettant en places quelque dessins amicaux, mais lui y voyait une conspiration. Mais si c’était l’inverse, qu’on venait me parler, jamais il ne viendrait prendre quiétude pour moi. Au final, n’étais-je pas un simple imbécile ? Et puis, Rhéa me promettait une famille, une qui ne me critiquerait pas, me comprendrait vraiment, qui m’attendait… La tentation fut trop grande.

Ainsi, je redevenais cette hybride, cet homme bête envelopper dans son manteau de ténèbres, poussant un grognement surnaturel. Et là, je bondissais sur Mike. Tout ce que j’avais à faire, c’était de me le remettre à sa place, mettre à terre, me débarrasser de lui, mettre fin à toute cette souffrance et enfin, savoir qui j’étais vraiment. Je n’hésiterais pas à user de mes ténèbres pour le blesser, comme avec nos anciens assaillants orcs, ce nuage noir dévorera tout sur son passage. Et dire qu’avant, j’en serais incapable, mais là, c’était une douleur qui fallait qu’elle sorte, que cet imbécile comprenait quelque chose, dont moi-même eut du mal à saisir tout le sens.

"Je t’aimais aussi Mike ! Mais tu n’as jamais hésité à m’humilier comme avec Cheryl, douter encore et encore de mes intentions. Et tu as manqué de me faire tuer une fois de plus !"
"Oui Argan. Met fin à ton supplice, et nous serons tous réunis, tu auras enfin droit à ce que tu méritais depuis le début."

La colère, la folie… Tout un tas de sentiments néfastes rongeaient mon âme, ne laissant plus qu’un os privé de chaire et d’esprit. Je n’étais plus qu’une épave, une marionnette se laissant à présent, manipuler par le destin. Perdu, je me sentais perdu, faisant ce qu’on me demandait, obéissant à mes premiers instincts dans l’espoir de me trouver une voie, une compréhension, savoir ce qu’il fallait faire. Jusqu’ici, la voix de Rhéa semblait la plus logique, la plus alléchante. Et dans le désespoir, on s’accrochait à la première main tendue, aux signes avantageux.

Jadis, j’aurais plus réfléchi, fais attention, noter les signes de manipulation… Mais mes dons de voleurs s’étaient comme tues. Je n’étais plus rien, si ce n’était qu’un jouet, une arme sans âme…
Alors j’attaquais Mike. Sans remords, sans réelle retenue. Je voulais l’assommer, le rouer de coups, le voir souffrir, comme moi j’ai souffert pendant tout ce temps. Malgré cela, était-il réellement responsable de mon malheur, ou bien m’en étais-je fais la représentation ? En tout cas à cet instant, la réponse n’avait aucune forme d’importance. Car, je ne me sentais plus capable d’aimer qui que ce soit. Et si je suivais Rhéa, ce n’était pas par attachement familiale ou je ne savais quoi dans le genre, juste le désire d’avoir enfin mes réponses, payant lourdement le prix.

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"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

J e restais sourd aux suppliques de Mike. Il pouvait dire ce qu’il désirait, je ne l’entendais presque plus. Et à chaque fois que celui qui se faisait appeler frère esquivait mes coups, ma rage ne faisait que grandir. Seuls les mots de ma « mère » eurent un impact sur moi, m’encourageant à le mettre en pièce et rejoindre enfin ma « vraie » famille. C’est alors que Mike Richard se transforma en bête que je n’eus jamais vue de ma vie, une bête ailée dont il m’avait tue le secret. Rhéa en fut également choquée.

"Impossible... Cela doit être au sang de Conrad… Argan ! Il vole ton héritage !"

Mike en plus se jeta sur elle, la prenant comme otage. Immobiliser, elle m’appela au secours, de tuer le « batard » qui avait détruit toute mon existence. Et voir tout cela, ne me calma pas. Désormais, je comptais bien lui arracher les ailes et le faire dévorer comme un poulet. Et il me fit cette promesse, encore et encore, toujours la même, mais pour même résultat. Finalement, il libéra Rhéa, me suppliant du regard. Il venait de réaliser sa toute dernière et grossière erreur.

"Tu as du mal à contrôler ton nouveau don fils. C’est normal, laisses ta mère t’aider…"

D’un mouvement de main, une boule lumineuse frappa Mike en pleine face. La créature vola à travers toute la pièce pour presque s’assommer contre un mur et retomber lourdement. D’un bon, je me retrouvais au-dessus de lui, le garde forestier ayant retrouver forme humaine. Enfin ! Enfin il était à ma merci. Griffes dehors, et sous les encouragements de Rhéa, je n’avais plus qu’a frapper, ou le dévoré avec mes ténèbres pour de bon. Levant ma main reliée à un tentacule noir, j’allais l’achever, en finir avec ce Mike blesser, les yeux mouillés, le sang coulant sur son visage…

Je me rappelais de tout… Oui tout me revenait maintenant, sortant des ténèbres de mon propre esprit. Mike ! Mike avec qui… Nous jouions à la chasse… Courant dans la forêt, nous chamaillant souvent, mais à chaque fois, finissions dans les bras de l’un de l’autre, nous promettant de toujours rester ensemble, de nous aimer comme les meilleurs frères du monde. Quand il me voyait en danger, et prit des risques stupides pour me sauver, quand il me fit adopter parmi les siens…

"Mike…"

Ce fut comme si ce feu brûlant en moi s’estompait peu à peu. Mon bras descendit lentement, mes crocs et mes griffes se rétractèrent. Le nuage noir autour de moi disparue comme de la fumée. Me laissant tomber sur mes genoux, des larmes perlèrent le long de mes joues, je regardais mes mains, celles qui ont commit tant de mal. Mais… Qu’est-ce que j’allais faire en réalité ? Qu’étais-je devenue ?

"Mike ! Qu’est-ce que j’ai fait ?!"

Le corps douloureux, je soulevais mon frère pour l’attraper dans mes bras, le serrant si fort que je risquais de l’achever ainsi. Pleurant, mes larmes tombèrent sur son coup et ses épaules. Que j’avais honte ! Je ne me reconnaissais plus du tout. Mais qu’avais-je donc fait ?!

"Pardonne moi ! Je… Pardonnes moi par pitié je t’aime !"

La douleur fut si grande, j’eus le sentiment qu’au final, c’était moi qui l’eu trahis. Mon cadet qui m’avait si souvent soutenue, j’allais le tuer et si je l’eus fait, jamais je ne me serais pardonné. Je n’arrivais plus à le lâcher, me refusant à le libérer de mon étreinte. S’il voulait me repousser et me chasser, il en aurait le droit je ne lui imposerais rien. Lorsque tout à coup, le nuage ressorti à nouveau de moi. Sauf que d’être aussi noire que la nuit, il était lumineux, d’une clarté blanchâtre qui recouvrait Mike comme un drap mortuaire, entrant en lui et… Redonnant à mon frère, son aspect d’origine, guérit de ses blessures, et resplendissant même. Une joie immense m’emplissait revoyant guéris, sans trop comprendre comment, mon frère aimé.

"Intéressant… Les deux opposés dans un seul réceptacle. Tu as fini par découvrir ton plein pouvoir mon enfant."

Je jetais à Rhéa un regard noir et meurtrier.

"Tais toi ! J’ai failli tuer sans doute la personne que j’aime le plus ! Tu n’es pas ma mère ! C’est toi le poison corrupteur !"
"En es-tu bien sûr ? Grâce à moi, tu as découvert ce que tu étais réellement. Mike lui… Enfin, de ce que j’ai vue, cet homme n’est pas inintéressant."
"C’est mon frère ! Maintenant tu lui fiches la paix sinon je vais t’arracher la tête !"
"Il est sûr que je t’aurais mieux élevé que cela. Si cela peut te rassurer, ta tentative de meurtre, n’est le fruit que de ton don rester trop longtemps endormie, t’ayant laissé sujet facilement à une forme d’influence. Quoi qu’il en soit, je vais partir. Mais nous nous reverrons Argan. Je serais toujours là pour t’accueillir quand tu seras prêt mon enfant, déjà tu as découvert le fonctionnement de tes capacités."
"Jamais… Tu m’entends ?! Jamais je ne te rejoindrais !"
"Réfléchis, crois-tu qu’après tout cela, Mike voudra encore de toi ? Pour son bien et celui de sa famille, il serait intelligent de te faire éloigner. A bientôt."

Et à travers un halo de lumière, Rhéa disparue de dessous nos yeux. J’étais bien content de la voir partir, mais ses mots eurent encore un impact sur moi. Elle avait raison, Mike avait toutes les raisons du monde de me rejeter, il était dans son bon droit, à sa place je ne serais trop ce que j’aurais fait. Me tournant vers lui, je baissais la tête honteuse.

"Je ne te dirais jamais assez combien je suis désolé. Te faire du mal est au-dessus de moi, mais… Là j’ai rompu mon serment. Si tu désires que je disparaisse, que nous ne nous revoyons plus jamais… Je comprendrais et respecterais ton choix. Je t’aime Mike et veux ton bonheur, ton bien. Mais tu es libre de ne pas le croire."

Codage par Libella sur Graphiorum

"Le propre d'un grand caractère est de ne calculer les difficultés que pour les vaincre." Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville  

Mike aurait très bien put me repousser, dire que je l’avais trahis, m’en vouloir à jamais. Je l’aurais compris, j’aurais accepté et porter le fardeau de cette faute. Et pourtant, il n’en fit rien. Il m’épargna même de l’indifférence, me gardant dans ses bras et me disant des choses, qui me firent bien plus de mal. Non, il ne m’en voulait pas, non rien n’avait changé pour lui. Était-il naïf à ce point ? Je répondrais non une fois de plus. Coller à lui, je me laissais aux larmes, pleurant sur son coup, cherchant du réconfort dans la chaleur de son étreinte, serrant de plus en plus fort, comme si j’avais peur de perdre, ce que je pensais indigne de recevoir. Pourquoi m’avoir donné un frère pareil ? Je ne le méritais pas.

"Mike… Je ne te mérite pas mon frère."

Il avait certes ses défauts, mais à chaque fois je lui pardonnais. Pourquoi donc ? Car avant de rencontrer Rhéa, je l’aimais tellement fort, et encore aujourd’hui, que lui en vouloir ce serait me poignarder d’une centaine de couteaux sans raison dans le corps. Cependant, je profitais une fois de plus du moment pour chercher à soulager ma peine, cherchant des excuses, désireux de m’assurer de son pardon, de son affection, être digne de lui.

"Je ne le pensais pas ce que je disais… Je ne sais pas en fait si c’était moi, je ne me reconnaissais plus. Comme si quelque chose prenait le dessus, mais je m’en voudrais à jamais."

A écouter mon cadet, c’était à croire que ce fut lui le fautif, lui qui cherchait mon approbation après avoir commit une telle faute. Mais comment pouvais-je lui pardonner quelque chose dont il était innocent ? Ses mots me fendirent le cœur, me faisant bien prendre conscience de manière plus forte, l’erreur que j’eus commise, et le véritable désire que je voulusse.

"Non Mike ! Non ! Je ne t’abandonnerais plus jamais ! Cette sorcière m’a sans doute piégé, mais je te supplie de me croire. Je serais toujours là pour toi… Et d’ailleurs… Merci… Merci pour tout. Tu m’as supporté, tu m’as soutenue. Tu aurais pu partir, me laisser, tu en avais le droit. Mais tu es resté pour moi, tu ma sauver petit frère alors que c’est à moi de vieller sur toi !"

Que le Ciel soit loué d’avoir mit cette personne sur ma route. Sans lui, comment aurais-je finis ? Serais-je entre les griffes de Rhéa si ce n’était dans celle de la tombe ? Ceci me poussait à ajouter :

"D’ailleurs, elle avait tord. Tu n’as rien détruit Mike. Tu as fait ressortir ce qui a de plus bon en moi, si je suis là, c’est grâce à toi."

En plus il voulait toujours qu’on parte à l’aventure, une idée qui me fit bien rire et en y repensant, me donna envie de l’embrasser tendrement. Peut-être trouveriez-vous tout cela un peu guimauve, mais si vous veniez de vivre une telle expérience, et que vous tombiez sur quelqu’un comme Mike, vous en feriez autant. Chaque ami, chaque frère qu’il soit de sang ou de cœur, était un cadeau, une pierre précieuse qu’il fallait choyer et préserver d’un monde obscur qui voulait soit vous dérober, ou tout vous détruire par sadisme. Et moi, j’ai bien failli le perdre…

Codage par Libella sur Graphiorum