Les flammes, le sang, la mort... Les flammes, le sang, la mort...
Voilà ce qu'il reste de ma famille... Voilà ce dont je me souviens. Je me souviens de ma mère en pleurs, hurlant son désespoir alors qu'il m'emmenait. Je me souviens de grand frère, tranché à la gorge par un couteau et il y a papa...
Je l'entends venir... Il sait quand je pleurs. Alors il me punit. Je ne comprends pas pourquoi. Il me hurle que je suis faible et les sanglots viennent d'eux même.
C'est un cauchemar, ma vie est un véritable cauchemar. Enfermée dans ma prison, je ne vis plus. Je n'ai plus de raison de vivre sans eux... Pas sans eux.
La grille vient de grincer, il faut que je cache ce que j'ai volé, sinon, la punition sera encore plus lourde... Et je ne le supporterais pas.
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Je crois bien que je saigne... Oui, je saigne.
Ma lèvre et ma joue sont entaillés. Et le sang coule le long de ma peau. Ce liquide poisseux me dégoûte. Cet homme me dégoûte... Tout me dégoûte.
Il ne sait pas que j'ai volé. Un simple carnet et un peu d'encre, comment pourrait-il le remarquer ?
Une goutte de sang vient de tâcher le papier, l'ornant d'une magnifique bavure bordeaux.
Se mêlent alors larmes et sang à ma douleur physique. Les hématomes ne se comptent plus tellement ils sont nombreux... Je cicatrise vite, j'ai toujours cicatrisé vite.
Mais la douleur est toujours là, elle est pesante, sur mes épaules comme sur mon cœur. Je pleure encore de leur disparition... Et parfois j'espère qu'ils soient encore.
J'imagine que ceci n'est qu'un cauchemar et que je vais me réveiller, mais le réveil est simplement toujours plus douloureux. Je dors à même le sol. Pas de confort pour les faibles.
Il dit toujours que les faiblards ne peuvent pas vivre comme bon leur semble, qu'ils font avec ce qu'ils ont et qu'ils se taisent.
Il parle beaucoup en fait... Il me fait pleurer, subir milles et une torture et personne n'est jamais arrivé. Ma mère, j'y crois toujours. Elle lui criait de ne pas m'emporter et j'ai vu les flammes. J'ai perçu ce cri strident. Un cri d'effroi qui m'en a retourné l'estomac. Ma mère, brûlée vive.
Et c'est tout ce que je vois, les flammes, la maison, leurs corps, le sang, les cris et la mort. Comme un refrain macabre qui se répète à l'infini. Tout ce qu'il me reste d'eux, ce sont des souvenirs.
Ca me fait toujours aussi mal, je ne sais pas pourquoi je respire encore si c'est pour vivre dans cette vie de misère...
Mackenzie m'avait dit que tout irait bien pour maman, qu'il ne fallait pas écouter les grandes personnes, qu'il ne fallait pas y croire. Elle m'avait dit que tout s'arrangerait. Elle me l'avait promis.
Et maintenant je suis seule. Je suis perdue. J'ai tout perdu et je perds la raison.
Je n'y survivrais pas, j'en suis sûre... Ses tortures me ruinent le morale et m'épuisent, mon corps finira par me faire défaut. Et je vais mourir. Ici, au fin fond d'une cave humide et odorante.
Je vais mourir dans l'ignorance, dans le froid. Et je meurs déjà. J'agonise. Il me détruit. A petit feu, comme il a détruit son crime. Je suis consumée par des flammes auxquelles je n'échapperais pas et elles auront raison de moi.
Et au fond... A quoi bon respirer si je ne puis vivre ? A quoi bon se battre si mon combat est vain ? Je préfère mourir en me souvenant des miens, en souffrant de ce manque avant de rendre mon dernier souffle.
Je leur dois bien ça... Pour l'amour des Wind, je dois mourir avec honneur.